Tuesday, April 24, 2007

C’est Bayroute

Ce n’est pas pour contredire les politologues et sondeurs confortés dans leur diagnostic en terme d’arithmétique électorale, mais je trouve la théorie de l’effacement du 21 avril et de la grande victoire de la démocratie à l’issue de ce premier tour de l’élection présidentielle un peu courte..

Un vote de peurs


Le vote «utile » antisarko qui a mobilisé la gauche autour de Ségolène Royal, constitue comme le vote en faveur du candidat UMP qui prétend protéger les français de l’insécurité, une expression de peurs. Peur de l’autoritarisme et de l’abus de pouvoir que constituerait le candidat UMP. Peur de la violence, des étrangers, des jeunes toujours stigmatisés dans le discours de celui-ci invitant à une société du chacun pour soi, où l’on est en concurrence avec son voisin, au contraire d’une société qui n’envisage le progrès que s’il est « partagé par tous ».

Une droite Lepenisée ..

Certes, les français ont voté massivement, contrairement à 2002. Certes, le vote le Pen a baissé en valeur relative. Oui, le morcellement n’est pas aussi atomique qu’il ne le fût il y a 5 ans. Seulement voilà, la baisse du score de Le Pen ne constitue qu’un transfert de voix d’un vieux candidat vers un plus jeune et plus arrogant dont les messages ont consisté à s’approprier les idées d’extrême droite. L’extrême droite est devenue la droite extrême. Et ce, conjugué au recyclage organisé d’un certain nombre de personnages douteux, voir corrompus. Médusés devant leur téléviseur, les français ont ainsi entendu les commentaires et analyses des réusltats au soir du premier tour de Bernard Tapie et d’Alain Juppé en duplex. Qui sait demain d’Alain Carignon ? Bref, nous courons à la Berlusconisation de la France que nous avaient prédit les Italiens.

Combinaziones

A l’instar des écolos, dont les idées ont progressé dans tous les camps et qui n’ont donc plus besoin d’un parti, Le Pen a gagné la première manche, car ses idées pèsent maintenant plus de 42 % (31, 18% + 11%). Il ne lui reste qu’à intégrer le futur gouvernement de NS et a gagner quelques députés par des accords électoraux dont les appareils ont le secret..
En outre, l’ascension fulgurante de François Bayrou, rallié par une grande partie de militants de gauche, ceux qui étaient troublés et déçus de ce vieux PS incapable de se réformer, de rénover ses pratiques, de sortir de l’hypocrisie, n’est pas suffisante pour incarner un changement de système politique.


Un repli conservateur

Avec quatre grands blocs, on croirait que figurent d’un côté ceux qui veulent sauver les deux grands partis au visage rénové PS et UMP, dans la logique classique majoritaire de la cinquième république. De l’autre, ceux qui veulent refonder en faisant voler en éclat le système partisan soit l’UDF et le FN dans un rapport de force qui s’annonce nouveau.

Révolution centriste ou révolution démocratique ?

Tandis qu’on nous prédit un second tour "droite gauche" classique, tout sonne comme si il ne s’agit plus de ça.. Et il serait regrettable de ne pas analyser tous les ressorts du vote en faveur du candidat Bayrou.
S’il nous dit « un centre est né » dimanche 22 avril, c’est que d’un certain point de vue, il constitue l’émergence d’une nouvelle force politique basée sur une nouvelle façon de faire de la politique. A l’entendre, le candidat UDF, le clivage droite gauche n’est plus d’actualité. De toute façon, à entendre les deux concurrents du second tour, il doit être dépassé.

Il fait noter que la gauche ne s’est pas vraiment rendue audible, tandis que l’aile droite s'est assumée de façon décomplexée. C’est sans doute faute d’affirmer une volonté de remettre la politique face au jeu du marché que la gauche, sans repère voit dévier son électorat vers la droite. Car sur le plan culturel, nous assistons même à une dérive marketing et clientéliste de la politique. C'est-à-dire à sa marchandisation.

Nous avons changé d’ère c’est bien net, mais pour en faire quoi ? Les français hésitent.
Sans sous estimer sa dimension assurément constestataire, le vote Bayrou fût en tout cas le seul vote « pour » autre chose, mais quoi ?

Triomphe du marketing politique

Si les valeurs consuméristes et individualistes ont gagné c'est peut être que le combat de l’égalité et la solidarité n’a pas été mené. A en juger français dans une étude de science po 59 % se considèrent comme ayant des valeurs de gauche, pourtant tous ne votent pas et tous ne votent pas à gauche. Se qui en clair veut dire que l’offre ne correspond pas à la demande.
De deux choses l’une, soit on tente de recaler la demande, soit on change le message donné par les partis de gauche. A dire que le second tour postule le retour du clivage droite gauche, on referme la parenthèse de l’analyse systémique pour mieux conserver la répartition bipartite des pouvoirs dans le cadre de la cinquième république sans aller au fond des choses.
La difficulté de Ségolène Royal est double et c’est pourquoi le défi à relever est immense : il s'agit ni plus ni moins que de changer de République et de changer le logiciel partisan pour le mettre en cohérence avec un nouveau programme dont la légitimité principale est tirée des aspirations participatives des citoyens. Rien ne serait pire que de leur faire croire qu’il s’agit de changer de cap entre deux tours. Il est juste de temps d’avouer qu’il s’agit d’un changement de méthode. Ce qui ne signifie pas une conversion de la gauche au social libéralisme en gros prônée par Dominque Strauss Kahn et Jean Marie Bockel, mais d’un pas de plus vers la démocratie dont le vrai tenant est François Bayrou.

Reconstruire une démocratie éclairée

Difficile de lutter contre la généralisation du lobbying, quand on a refusé d’entreprendre une résistance à cette américanisation de la France. La bataille a mené désormais n’est pas que politique, elle est culturelle, philosophique même. Elle nous oblige à concevoir que nous assistons à une forme de corruption de la démocratie par le passage de l’ère de la souveraineté populaire à la démocratie d’influences. Il ne s’agit même plus de démocratie d’opinion car les sondages n’ont fait que nous donné l’ambiance..

A travers cette élection, les français se sont divisés dans leur foyer non plus sur une affaire de droite et de gauche, mais sur une démarche et une posture des candidats par rapport à l’exercice du pouvoir. Assurément, la rénovation à minima des personnes a été plébiscitée, ce qui a suscité un regain d’intérêt. Mais elle a vocation à servir une ambition plus grande. Fini la langue de bois des années Chirac, nous sommes dans l’ère de la démagogie et du populisme ou tout n'est que promesse de changement. Le pire, serait d'arrêter là la rénovation.

Une question nouvelle se pose donc à laquelle nous devons tous répondre : "veut on sortir du bonapartisme institutionnel auquel nous cantonne la cinquième république héritière d’une conception très masculine et paternaliste du pouvoir c'est à dire limiter le changement aux hommes, ou veut on accomplir la révolution démocratique et la redistribution des pouvoirs en plaçant une femme qui le partagera avec les citoyens dans le cadre d’un nouvel équilibre ?"
C'est à dire veut on parachever la révolution française en somme ?

Un duel droite gauche au second tour ?

Ceux qui affirment que nous sommes donc face à un classique duel droite gauche veulent naturellement refermer la parenthèse de ce débat concernant les conditions même de l’exercice de la démocratie qui permettent de définir les outils du politique face à l’économie. Quelque part, ceux là s’accrochent à la cinquième République. C’est ce que fait Nicolas Sarkozy.
Pour peu qu’elle soit lucide, la candidate soutenue par la gauche, toute la gauche, doit refuser cet enfermement donc se garder d’un recentrage à droite. Le débat d’aujourd’hui se pose en terme d’éthique démocratique, face à un candidat dont la pratique se caractérise par l’arbitraire et l’abus, mais aussi, en terme de volonté égalitaire face à celui qui se trouve être le garant de l’élitisme, et des privilèges. C'est-à-dire au fond que nous sommes dans un duel droite gauche non pas au sens contemporain, mais au sens révolutionnaire du terme celui, de 1789 qui fait appel à un retour aux fondamentaux.

Subsidiairement il s’agit de notre rapport à la vie en collectivité et au bien public. Il ne s’agit plus de savoir si on veut plus d’Etat ou plus de décentralisation, ni plus de social ou d’économie libérale. Il s’agit de savoir si du camp des privilégiés ou du peuple on se trouve. De dire à la lumière de l’ère moderne, si on veut plus d’espace marchand ou un bien public universel garanti, si on veut de l’interventionnisme d’un côté, du libéralisme équitable de l’autre. Le tout au service d’un développement durable. Il s’agit de reconstituer un nouveau front populaire pour empêcher le triomphe d’une droite dure nationaliste et affairiste.

Si l’UDF veut servir honnêtement une ambition refondatrice, elle n’a pas intérêt à sacrifier aux petits arrangements avec l’UMP. Elle doit se placer du côté des révolutionnaires qui veulent abolir la monarchie finissante et décadente.
Ce n’est pas en sauvant la cinquième république et en plaçant une droite néoconservatrice au pouvoir qu’on parviendra à réconcilier durablement les citoyens avec la politique ni à remédier à leurs peurs de l’avenir.

Il faut du courage. Une ambition authentiquement révolutionnaire pour le peuple.
Ce peuple majoritairement n’a pas voulu donner sa voix à Nicolas Sarkozy.
Pas encore. Le temps est suspendu à son choix du 6 mai. S’il ne passe pas dans les urnes, le pire est qu’il soit une bombe à retardement dans la rue demain.
La France a besoin de la voix d’un Jaurès pour bâtir la République égalitaire et c’est tout.
A défaut de jouer cette carte, le chemin centriste risque d’être un rond point autour duquel tout se joue mais sans lui.

Au sortir de l’hiver, avril se découvre d’un fil

Il y a donc une route, pour cette élection présidentielle là, dont la clé est incontestablement François Bayrou. Sans lui et ses ceux qui lui ont fait confiance autour d’une même conception de la politique honnête et contre les privilèges, nous risquons de concrétiser la rupture brutale à laquelle nous invite l’UMP. A savoir : la marche silencieuse d’un pouvoir basé sur l’ultranationalisme conjugué à la corruption des élites.
N’oublions pas où cela a conduit l’Italie. S'il faut le dire, il faut se garder d'un "tout sauf Sarko" ou les français risqueraient d’y voir malice.

Concrétisons le grand projet d’une révolution éthique qui montre un chemin de justice et d’honnêteté de la politique française vis-à-vis du reste du monde. Il passe par une association entre l'ambition refondatrice de François Bayrou et la volonté égalitaire de Ségolène Royal.

Un tel message d’espoir peut éclairer l’horizon électoral. Le soleil se lève en mai.

Tuesday, April 17, 2007

L’inquiétante dérive nationale sarkozyste



Quand l’UMP et le FN s’uniront pour le pire


«Au-delà d’une saine compétition entre personnalités différentes et talentueuses, au-delà d’opinions divergentes mais légitimes, c’est donc bien, en réalité, notre conception de la République et le devenir de notre démocratie qui sont en jeu. C’est grave!» déclare Jean-François Kahn dans son édito pour le journal "Marianne" du samedi 14 avril concluant par cet appel à un sursaut citoyen: "Dans trois semaines, il sera trop tard".


Au-delà des clivages partisans c’est vrai, rien n’empêche d’avoir du respect pour un adversaire politique honnête avec lequel on débat dans le cadre d’une même conception de la république et de la démocratie. Moi-même socialiste ayant voté non au référendum, petite-fille d’ouvrier pas franchement prête à sacrifier mes espoirs d’une nouvelle offre politique ancrée à gauche et peu réceptive à la thèse d’une union au centre, j’ai de la considération pour François Bayrou, un vrai libéral, mais un homme droit. Or, on sent confusément un risque d’une nature singulière peser sur le scrutin présidentiel qui oblige chacun à revisiter ses fondamentaux idéologiques...
En 2002, nous avons créé un mouvement d’élus de toutes tendances républicaines et progressivement de citoyens contre la corruption appelé « Anticor ». Nous ne l’avons pas fait tant pour marteler la persistance de ce phénomène malgré des discours plutôt rassurants depuis les lois sur le financement de la vie politique par les ténors de la vie politique française, que pour insister sur l’impérieuse nécessité de réhabiliter la politique, face à une forme de corruption de la démocratie et une terrible menace constituée par la tentation extrémiste qui prospère sur la corruption des élites politiques. Notre analyse pointait le danger de l’enracinement de la défiance populaire après le naufrage présidentiel ayant conduit Le Pen au second tour, sur fond d’un terrible discrédit frappant le candidat du camp républicain et bien sûr la situation sociale du pays.
Cinq ans se sont écoulés depuis ces évènements. Aucun de ses facteurs n’a disparu. A la veille d’un autre grand rendez-vous démocratique, faisons le bilan des avancées de ce combat contre la corruption...
A l’actif de nos campagnes, les engagements que viennent de prendre trois candidats issus de partis ayant parfois été unis dans des pactes de corruption. A savoir : François Bayrou, Ségolène Royal et Dominique Voynet auxquels nous avons remis notre prix pour avoir retenu les mesures que nous préconisons dans la lutte contre la corruption. Ces choix constituent la première marche de la reconnaissance d’une priorité pour remédier aux désordres de ce monde. Nous ne sommes pas naïfs, mais nous en prenons acte et nous saurons leur rappeler leurs engagements si cela s’avère nécessaire..


Sarkozy, bonnet d’âne de la lutte anticorruption


Au passif de ce bilan, il y a ce bonnet d’âne que nous venons d’attribuer au candidat de l’UMP qui n’a pas daigné nous donner de réponse et n’a toujours pas fait publiquement la lumière sur son « intérieur » après la parution d’inquiétants articles dans le Canard Enchaîné, de même qu’il accorde le label de la formation politique qu’il préside à des candidats condamnés pour des délits financiers. On observe avec quelle docilité ceux-là se pressent de se montrer aux côtés du candidat. Ils font bonne figure sur la photo de famille. Comme s’il s’agissait d’afficher avec toute l’arrogance de la monarchie d’hier envers le tiers état, l’impunité couvrant cette nouvelle aristocratie qui s’enrichit à l’ombre de la République.


Sarkozy l’ultralibéral, allié demain à Le Pen l’ultranational


A cela s’ajoute le ping pong qui se joue ces temps-ci entre Le Pen et Sarkozy. Le match donnerait presque l’illusion qu’ils se combattent vraiment mais tout sonne comme si le second ne cherchait qu’à s’assurer la présence du premier au deuxième tour, lequel s’évertue à défendre sa qualification en criant plus fort que l’autre. Spectateur de ce jeu de rôles, nous assistons à « l’extrême » médiatisation du débat de la peur sur les thèmes de la nation, le droit du sang, l’héritage génétique en sus.
Qu’il s’agisse des déclarations de ce député des Alpes-maritimes Jérôme Rivière, pour qui l’accord UMP-FN ne doit plus être une question « tabou » suivant de peu celles du maire de Nice, Jacques Peyrat, pour qui l’attachement au FN est légion, le rapprochement se fait appeler. Dans cette région, le FN fait ses plus gros scores, tandis que la corruption atteint des sommets. Si l’union sacrée ayant permis hier l’élection de messieurs Charles Million et Jacques Blanc était rejetée par la droite gaulliste de l’ancien chef du RPR, serait-elle donc en passe de devenir la nouvelle donne du fait de la perte d’un allié de poids dans l’échiquier républicain que constitue l’UDF selon M. Sarkozy ? A en juger les dernières déclarations du patron du FN, en tout cas rien n’y ferait obstacle de son côté puisqu’il considère que le candidat UMP "est un type assez opportuniste, réaliste, très ambitieux. C’est un homme avec qui on peut parler", dans un entretien paru dans le journal Ouest France le 9 avril. Enfin, cette main tendue du « bras droit » de l’ancien ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui suggère « la proportionnelle » à l’Assemblée nationale qui permettrait au FN d’avoir des députés.
Pour peu que certains l’estiment comme une pure improvisation tacticienne, qu’ils se souviennent aussi de l’expression solennelle de Nicolas Sarkozy pour garantir à Le Pen ses parrainages aux fins d’assurer sa présence dans ce scrutin, Besancenot en guise de caution pour la gauche avec l’espoir de sa division.


Une fixation congénitale des deux partisans..


D’immigration « choisie » en « ministère de l’immigration et de l’identité nationale », l’ex-ministre de l’Intérieur n’a jamais d’ailleurs cherché à combattre le FN comme il le prétendait sur le plan idéologique mais simplement installé un nouveau programme dans un même logiciel. Il a juste adapté à sa famille partisane le langage lepeniste. En développant la thèse du mouton égorgé par les musulmans dans la baignoire (pratique désormais interdite et qui serait vite stigmatisée pour qui s’y oserait) sur la grande chaîne nationale TF1, et en stigmatisant les émeutiers de l’automne 2005 selon leur origine, il l’a même nourri, tant par la stigmatisation d’une catégorie d’individus que par la division de la population, désignant le bouc émissaire idéal aux yeux des Français apeurés et accablés par la violence de la société. Tous ces faits montrent que Nicolas Sarkozy a méthodiquement banalisé le discours frontiste sous la bannière d’un parti politique républicain. Sur ce seul plan de la sécurité, il y aurait déjà beaucoup à dire puisque des études sérieuses prouvent non pas le facteur racial de la population criminogène mais simplement le phénomène de jeunes hommes en perdition, dont le nombre est plus élevé parmi les enfants d’immigrés dans les banlieues défavorisées. Lorsqu’il déclare : "Quelle est la part de l’inné et de l’acquis ?", à propos de la pédophilie et du suicide des jeunes pour alimenter la thèse du déterminisme lorsqu’il est invité par Michel Onfray, le candidat de l’UMP indique une direction en tendant la main à son aile droite pour qui selon son origine on est génétiquement de la graine de gangster. Il montre la voix d’une pureté supposée de la nature humaine qui tiendrait dans ses gênes, dans son sang. Avec ce couple qui ne vit plus son amour caché, la France peut trembler de peur...


Sarkozy pointé du doigt par la Ligue des droits de l’homme


Il se trouve également que la Ligue des droits de l’homme vient de classer le candidat UMP Nicolas Sarkozy « en queue de peloton avec 2 sur 70 soit 0,57/20, sur la base de ses déclarations publiques puisqu’il n’a pas répondu » à son questionnaire. On se souvient qu’après avoir fustigé au début de son mandat « les droits de l’hommistes » dans le journal Le Monde en 2002, empruntant ainsi au néologisme d’extrême droite, M. Sarkozy récuse à présent « l’égalitarisme », l’égalité étant devise républicaine affichée en bannière au dessus de nos bâtiments publics. Tout comme Jean-Marie Le Pen récuse l’égalité des droits entre les hommes selon qu’ils ne sont pas de même nationalité. Tout passe, comme s’il se produisait sous nos yeux un glissement progressif qu’il convient donc d’observer attentivement, même s’il peut sembler improbable aux yeux de certains entre le candidat d’une droite extrême à la fois libérale et pro-atlantiste et celui de l’extrême droite libérale et nationaliste. En effet, si pour la plupart des Français, la victoire de Jean-Marie le Pen est indésirable et dangereuse car elle isolerait la France, celle de Nicolas Sarkozy alliée au FN repose sur un discours au fort relent nationaliste tout en étant ouverte sur le monde. Ceux qui, aujourd’hui, envisagent de voter pour ce candidat doivent donc être prévenus qu’ils mettront sans doute dans l’urne un bulletin portant la marque Le Pen. Ils ouvriront à brève échéance la voie d’un gouvernement Front national. Les citoyens doivent avoir conscience de ce que cela revient à faire, et plus particulièrement ceux qui au sein de la droite républicaine, aussi bien que ceux choisissent l’extrême droite pour casser un système qu’ils jugent corrompu, parce qu’ils risquent de produire exactement l’effet inverse de ce qu’ils souhaitent. Ils risquent de porter au pouvoir un clan d’hommes d’influence issus de tous les lobbies d’affaires économiques et financiers, alliés au nationalisme violent et autoritaire. En clair : c’est ce que nous dit la presse italienne, notamment le journal « L’espresso » ; la « Berlusconisation de la France » qui est en marche, et peut-être pire..


La conjugaison du nationalisme, à la corruption des élites.


Cela promet d’accentuer le chaos social et la défiance populaire envers la représentation politique devenue « caste dominante » sous couvert d’un dogme impraticable du « travailler plus pour gagner plus ». Allez dire ça à l’ouvrier de chez Renault au bord du suicide, ou aux salariés de Dim qui ont connu la délocalisation fiscale de leur entreprise. Aux employés de Colgate qui ferme des usines en faisant des profits faramineux, etc., etc.
- A nous citoyens ordinaires, ils nous demandent de nous taire, ils nous écoutent, ils nous surveillent, ils nous fichent. Ils viennent chercher les mères de famille étrangères à la sortie des écoles pour les expulser.
- A eux, les parachutes dorés, la fortune à l’abri dans leur paradis fiscaux, l’impunité pour les amis corrompus, les médias hautement financiarisés en guise d’appui de leur idéologie antisociale. Et Le Pen ne dit rien d’autre que Sarkozy là-dessus, tout juste ses amis osent-ils ajouter à la défiance à l’égard des politiques qu’ils présentent comme étant « tous pourris » . Et, pour quoi faire d’autre que d’achever le délabrement de la démocratie ?


Un devoir de vigilance et de résistance


A tout cela, s’ajoute le risque d’un véritable hold-up démocratique que constitue le vote électronique déjà programmé dans plusieurs départements acquis au leader de l’UMP où tous les coups sont permis. Les experts techniques des machines à voter sont en passe de remplacer le contrôle démocratique par les citoyens. Dans un vote qui peut se jouer à quelques milliers de voix, tout est possible. Ceux-là ne doivent pas être, à l’instar de George Bush, la Floride de Nicolas Sarkozy. Son ami néoconservateur G. Bush n’attend que ça pour passer à la dernière phase de ce à quoi semble inviter ce si dangereux slogan : « la France d’après ».. Après la démocratie ?

Wednesday, April 11, 2007

Stock options pour les grands patrons de la République

Vérités et amalgames..

Vu la teneur des débats qui ont suivi l'annonce de la proposition du PS d'un SMIC à 1500 euros (brut) à l’horizon 2012, il n'est pas inutile d’évoquer « l’affaire » des indemnités chômage des députés à l'aune de ses répercutions dans la population..

De la critique républicaine au service de la morale populaire

Au sein d’Anticor*, nous avons eu un débat sur la nécessite de nous engager dans un commentaire de la décision d’allonger l’allocation chômage parlementaire. Considérant la mesure comme une sorte de privilège annoncé à la veille des élections législatives, la plupart (élus locaux) a souhaité une réaction publique. Il s’agissait simplement de rappeler quelques faits pour montrer qu’on peu à la fois combattre le FN, ses idées, sa façon d’exploiter une telle décision, et oser une critique raisonnable d'une mesure prise par des élus. De même, on peut à la fois vouloir un statut de l’élu et chercher à réhabiliter la politique et l’éthique. Ainsi, lorsque Patrick Ollier, nouveau président de l’Assemblée nationale déclare : "il faut arrêter de critiquer sans arrêt la représentation nationale" car "on rend service aux extrêmes", trouvant "bonne" l'idée d'un statut de l'élu, il fait passer le message subliminal de la critique républicaine interdite. Une injonction de nous taire en somme. Si on peut envisager l'impact ravageur de cette mesure dans les milieux les plus modestes auxquels une information partielle peut jouer des tours, il est sain de faire un petit travail citoyen d'éducation populaire pour envisager une lecture responsable de cette mesure. Lutter contre les privilèges, c'est d'une certaine façon lutter contre la corruption des moeurs politiques, c'est affaire de morale non pas religieuse, non pas seulement laïque, mais de morale populaire, du côté et au service de la population s'entend.

Dans une démocratie solide : raison garder

Si l’esprit de Voltaire soufflait toujours sur la République française, l’équation ne se résoudrait pas dans les termes qu'évoquent M. Ollier. C’est donc aussi au nom de la liberté d’expression qu’il faut l’aborder, car il n’est évidement pas de question tabou. Pas question de taire sa désapprobation au motif que les extrêmes en ferait leur chou gras pour peu qu'on le fasse sereinement. Et c'est sans doute même pour mieux les combattre qu’il est de notre devoir de faire l'analyse de cet épisode. Car, à force de se laisser dicter son seuil de tolérance à la corruption par Jean Marie Le Pen, on fini par en perdre tout repère démocratique, jusqu’à banaliser certaines dérives qui alimentent les privilèges que s’accordent les puissants. Et l’on dessert ainsi le combat que l’on entend mener pour réhabiliter la politique par la probité des élus. On peut toutefois légitiment considérer qu'il existe beaucoup de gens honnêtes qui ne se reconnaissent pas dans les idées du FN et condamnent ces pratiques. La démocratie compte des ennemis de l'intérieur et de l'extérieur.. de ceux qui veulent nous culpabilier de dire les vérités gênantes à ceux qui les exploitent pour détruire la confiance et l'adhésion à ses valeurs. Il faut se garder d'un tel manichéisme qui n'est pas seulement une forme d'escroquerie, mais une invitation sournoise à tuer la démocratie résultant d'une conception de la République plus dogmatique que laïque en somme.

Sur mon commentaire au JT de Karl Zéro, paru dans sa webtv.le 10 avril : leweb2zero.tv/, je dois d'abord faire une rectification : la décision n’a pas été prise en « catimini » en fin de session parlementaire comme je l’ai indiqué. Le principe de cette nouvelle formule d’allocation chômage de 5400 euros, dégressive sur dix semestres a été voté en 2003, mais seulement explicité et donc rendu publique récemment dans la note du 22 mars 2007 des trois questeurs à leurs collègues.

Reste que, cela soulève un problème quant à la connaissance par les députés eux-mêmes des décisions financières prises en leur nom et intérêt…(Les citoyens ? n’en parlons pas, seule la presse a rendu compte des réactions post opératoires. )
La question n'a pas été traitée au grand jour dans un débat qu’il aurait fallu plus large sur le statut des élus permettant de régler la question du cumul des mandats, (rappelons que seuls 4% de députés pratiquent le mandat unique) ni de régler l'absentéisme parlementaire (dans certains pays on diminue l’indemnité en cas d’absence répétées, d’ailleurs au Parlement européen il faut pointer ! )
Parlons aussi des autres petits avantages accessoires comme le prêt à taux zéro (permettant à certains d’afficher un patrimoine important après leurs mandats), la retraite à taux plein au bout du second mandat (il faut dire que les députés cotisent double et que le régime entre dans la catégorie dite « régime spéciaux », mais il faut dire aussi que c’est avec nos impôts ce qui devrait impliquer un contrôle renforcé. Or, la cour des comptes n’a pas droit de regard sur l’Assemblée nationale qui fait son auto contrôle budgétaire chaque année) etc.

Revendiquer plus pour gagner plus ?

Le jour où les Français que l'on invite à toujours plus de sacrifice du genre "travaillez plus pour gagner plus", "payer plus d'impôt" ou encore se serrer la ceinture pour combler la dette, tout en assurant le train de vie (croissant) digne de leurs élus se lèveront pour demander des comptes, cela risque de se faire dans la violence.
Qu'on obtienne rapidement la réstitution des sommes d'argent détournés par les partis politiques dans les caisses publiques et la rétrocession des dividendes versées aux grands actionnaires et on parlera clairement des moyens nécessaires pour faire vivre la démocratie représentative ! Car le sacrifice, c'est comme le progrès ; il ne vaut que s'il est "partagé par tous".

Pour mémoire, au cours de cette législature, les questeurs ont aussi de nouveau offert la possibilité aux députés de récupérer en fin d'année une partie du crédit collaborateur (un maximum de 5000 euros environs) pour la reverser sur leur Indemnité représentative de frais de mandat (défiscalisée) Hasard ou coïncidence, plusieurs licenciements ont suivi cette décision qui a suscité une grande émotion chez les assistants parlementaires après les élections régionales de 2004. Lorsque j'étais secrétaire générale du syndicat des assistants parlementaires USCP-UNSA durant la précédente législature, nous avions obtenu que l'enveloppe dite « crédit collaborateur » soit uniquement affectée au paiement des salaires.

Rappelons qu’à ce jour, les heures supplémentaires des assistants ne sont pas payées en pratique, malgré un contrat de travail qui prévoit un régime forfaitaire car l’enveloppe elle reste fixe. En outre, le licenciement lié à la perte de mandat du parlementaire est considéré comme un licenciement pour motif personnel et non économique, comme il devrait l’être par analogie à ce qu’en droit on appelle « la cessation de l’activité de l’employeur » (équivalent de la fermeture d’usine), et que bien qu’étant souvent recrutés en CDI, les assistants des députés battus en 2002 ont perçu une indemnité de précarité, régime applicable au CDD.. Or, devant la masse de licenciements liés au changement de majorité, il aurait logiquement fallu un plan social nécessitant des perspectives de reclassement ainsi qu’une analyse juridique sérieuse de notre statut juridique pour mettre un terme à ces incohérences. Il n’en n’a pas été. S’il est évident que la précarité de la situation salariale des collaborateurs d’élus est inhérente aux aléas électoraux, il n’en demeure pas moins qu’il faut sortir de cette hypocrisie consistant à l’assimilation « par défaut » à un régime dérogatoire au droit commun du travail. Tout comme le statut de l’élu, il convient de clarifier la nature juridique du statut des collaborateurs d’élus.

Ombre et lumière sur la démocratie française

Le débat que vient d’alimenter l’annonce de la nouvelle mouture de l’allocation chômage versée aux députés est bien instructif tant sous la forme justificative empruntée par ceux qui en quelque sorte "déploreront" d'être obligés de voter ça pour compenser la perte d’un mandat, que dans sa dimension polémique obligeant à repousser les frontières de la pédagogie à l’usage des électeurs du Front national. Si vous la dénoncez, vous pratiquez l’antiparlementarisme, si vous la soutenez, vous êtes soit naïf, soit intéressé et donc pourris aux yeux de certains.

Au fond, c’est comme si on devait régler ces questions de manière honteuse et sous le manteau, en se contentant de prendre les choses par le petit bout de la lorgnette, à savoir le traitement indemnitaire des élus (qui plus est essentiellement parlementaire, ce qui est scandaleux vis-à-vis de tous ces élus locaux et ses maires oeuvrant à plein temps avec dévouement à peine indemnisés au RMI).
La manière républicaine d’aborder le sujet impose donc une clarification par la méthode constructive avec deux exigences maîtresses à savoir ; l’éthique et la transparence..auxquelles on pourrait ajouter l’équité.

Si la République se meurt des outrages qui lui font ses fossoyeurs, la démocratie souffre autant de ses pourfendeurs que de l'hypocrisie.
C’est un grand mal français de vivre ses amours cachés.
Mais les députés n’auront plus de raison de se cacher, le jour où ils tiendront pleinement leur promesse de fidélité envers la démocratie.


* association anticorruption que nous avons crée en 2002 avec Eric Halphen pour à la fois lutter contre la corruption et réhabiliter la politique (plus d’infos : www.anticor.org)

Tuesday, April 03, 2007

Attention remise du prix Anticor !


Attention : à noter !!


La remise du prix anticor "spécial présidentielle" aura lieu mercredi 4 avril à 19h30 en Mairie du 12° adt salon des outre mers...130,rue Dugomier-75012


L'entrée est libre, venez nombreux !