Tuesday, April 18, 2006

Clearstream ou la domination du monde




Je conseille à tous ceux qui s'interrogent sur la dégradation de la planète, le crime organisé, la dérégulation financière et ses conséquences, bref aux ravages de la mondialisation, de lire attentitvement "Révélations" ed.les Arènes et "la domination du monde" ed.Julliard. S'il ne fallait retenir que deux ouvrages de Denis Robert, ceux-ci racontent comment le monde est régit par une matrice (pour reprendre l'analogie d'un film bien connu), celle-ci est financière et tient en un mot ; Clearstream : une compagnie luxembourgeoise qui gère les comptes des grands de ce monde.
L'auteur nous dit qu'à travers des comptes secrets, il existe un monde parallèle dans lequel nos économies réelles fondent. Cet argent n'est pas recyclé, il disparait. Il est en suspension dans un univers qui permet aux dominants (les initiés du système) de vivre luxueusement leur domination en achetant le silence de leurs intendants.
Toute l'histoire de la corruption, des détournements d'argent public, du terrorisme etc. tient dans cette explication et cette lecture d'un système à bout de souffle qui se nourrit par l'apauvrissement et l'abétissement généralisés des populations. Malgré l'ampleur du scandale, cette affaire se résume aujourd'hui à une guéguerre entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin dans les médias. Pourtant, Denis Robert à qui Anticor a remis cette année le prix du courage (cf ; www.anticor.org) nous explique la profondeur abyssale de cette affaire (lire aussi le Rebonds dans Libération ; http://www.liberation.fr/page.php?Article=375512).

Il est temps de lever le voile sur l'hypocrisie qui nous entoure, sur ces dirigeants qui nous demandent toujours plus de sacrifices, sur ces organes de presse à la solde du pouvoir financier, sur ces guerres factices ou organisées.
Bref, il nous faut mettre un terme à leur domination du monde. La résistance est notre cri.
La première étape consiste en la diffusion de la connaissance pour que chacun ait conscience de ce qui se passe. C'est pourquoi, j'invite celles et ceux qui me liront à multiplier les messages à tous leurs amis dans ce sens, mais aussi à agir, écrire, demander des comptes à leurs élus, à s'unir pour résister aux manipulations des corrupteurs. Plus nombreux nous serons à faire de la lutte contre la corruption le b-a-ba de la démocratie, plus nous serons en mesure de changer les priorités de la mondialisation.

Anticor et les amis d'Anticor soutiennent Denis Robert, ainsi que toutes celles et ceux qui, comme lui, ont le courage de dire la vérité.

En tant que socialiste, je me souviens que c'est pour ça qu'ils ont tué Jaurès. Pour continuer leurs guerres et leurs ententes cordiales..
La lutte contre la corruption qui génère autant d'inégalités est le premier combat que nous devons mener !

Tuesday, April 11, 2006

Vers la fin du Berlusconisme ?



(photo d'illustration du magnifique film documentaire "viva zapatero" racontant le combat d'une artiste et la résistance populaire face à la dérive et la censure du régime italien-diffusé sur Canal plus)

De la difficulté de mettre fin à un système…

Pour tirer quelques enseignements des premiers résultats des élections italiennes, je dirai simplement trois choses ;- d’abord il est très difficile de mettre à terre un système bâti sur un clientélisme et une corruption institutionnalisés. Plus on le laisse gangrener la société, plus il en prend possession. Nous l’avons remarqué à Paris après les années Chirac-Tibéri, je l’ai constaté en Polynésie où Gaston Flosse a été battu à la suite d’une mobilisation exceptionnelle mais d'une courte tête seulement, etc.- la seconde leçon a tirer est que l’opposition Italienne ne résiste pas à la critique que l’on peut faire en général aux opposants des régimes autoritaires et ou corrompus ces dernières années. Lorsqu'une opposition fait montre d’une relative complaisance par sa passivité face à la corruption ou d’une combativité insuffisante elle risque le discrédit. Pour l'Italie, elle bénéficie de peu d'une réhabilitation tardive à la faveur d'une élection au prix d'efforts exceptionnels. Les candidatures de Kerry aux US, celle de Jospin en France, tout comme celle de Prodi qui avaient un profil technocrate n’était pas non plus de nature à rassembler les couches populaires.- Enfin, j’observe des similitudes inquiétantes entre le résultat de ces élections et celui obtenu en Allemagne ou en France en 2002, et ce, malgré les divisions ici, les coalitions là, puisque l’on arrive à une situation de quasi-blocage qui peut conduire à déterminer en dehors du peuple les configurations gouvernementales, même si celles-ci ne correspondent pas à l’avis majoritaire des populations. Selon moi, la cause de cela tient dans le fait que dans chacun de ces cas, les candidats ne sont pas neufs, n’apportent aucun nouveau souffle, ni aucun espoir de changement ou d’alternative claire.

La crise démocratique appelle des projets et candidats nouveaux, des militants de la démocratie, dont le projet sera simple : rendre à chacun de nous le pouvoir que la droite, mais surtout l'évolution du capitalisme contemporain, nous a retiré.Cela signifie donc qu’en France également nous aurions tort de considérer d’avance la victoire de la gauche acquise. Cela pour plusieurs raisons :

- la première tient au fait que si nous assistons certes à la fin du chiraquisme, un autre système s’y est substitué ces dernières années, c’est le Sarkozysme avec aussi une base arrière que constituent les Hauts de seine.

- La seconde est que la gauche commettrait une erreur identique si elle proposait un candidat qui ne soit pas susceptible de représenter et de rassembler les couches populaires.

- Mais surtout, méfions-nous des impressions du moment. Je considère qu’en demandant la démission du Premier Ministre, certains dirigeants PS sont tombés (volontairement ?, involontairement ?) dans le piège du jeu présidentiel, ce poison qui a pourri nos institutions. N'oublions pas que nous avons déjà changé quatre fois de gouvernement depuis 2002 et deux fois de premier ministre, une instabilité qui a caractèrisé la IV°République tant décriée sur tous les bancs. Or, en pareille circonstance de rejet global de la politique libérale, la seule conséquence logique fût de demander la dissolution de l’Assemblée nationale pour faire gagner la gauche rassemblée sur un projet en offrant le débouché politique constructif à la crise actuelle qui n’est pas réductible à sa dimension sociale et à fortiori au seul emploi des jeunes. La victoire aurait été, comme en 1997, je le crois acquise.Ne pas avoir fait cette demande est à mon avis une erreur politique qui – l’avenir nous le dira - nous a peut être fait perdre la seule occasion de gagner la prochaine législative en annulant cette terrible faute de l’inversion du calendrier électoral. Je considère que nous aurions bien plus de chance de battre la droite sur un rejet d’un système à bout de souffle et corrompu que de gagner sur un projet politique flou en 2007. J’ajoute à cette réflexion le fait que l’élection présidentielle sera dominée par le profil personnel des candidats et non les programmes politiques, ceci faute d’asseoir le notre sur une légitimité suffisante (celle-ci dépendra des divisions internes au PS à l’issue du vote).Pour ajouter un autre argument à cette affaire, je crois que notre rassemblement sur l’élection législative aurait pu être beaucoup plus fort dans le contexte actuel qu’il ne sera évident demain pour des raisons internes et externes au PS.Laisser un an de plus à Nicolas Sarkozy pour conforter son système était courir un danger à notre pays ; celui de jouer sur le fil du rasoir la future échéance décisive pour le peuple et la démocratie française. Maintenant il va falloir aller plus vite et nous affirmer plus fort pour emporter ce qui est désormais malheureusement convenu d’appeler la « course à la présidentielle ».

Monday, April 10, 2006

le CPE est mort ; vive la sixième République !

Le temps de la relève est venu

Pas de chance pour Nicolas Sarkozy, Chirac vient de prendre tout le monde de court, son premier ministre y compris pour annoncer le remplacement du cpe par un autre dispositif combinant "souplesse pour l'employeur et sécurité pour le salarié".

Cette méthode participe du désordre ambiant : on ne sait plus qui gouverne, ni sur quelle ligne.

Jamais la France n’aura connu un tel soulèvement contre une politique qui légalise la précarité autant que la pratique autoritaire du pouvoir.

Toujours sourde à l’expression de la profondeur de la crise que traverse la France, l’UMP annonce à présent un nouveau dispositif qui ajoutera à l’empilement des normes d’exception qui encadrent déjà le travail des jeunes avec de nouvelles exonérations patronales.

Au-delà de cette nouvelle proposition de loi, il faut tirer tous les enseignements de ce qui vient d’arriver :

- Premièrement : c’est la troisième fois depuis les élections régionales puis lors du référendum européen, que les français ont majoritairement dit leur refus de la politique néolibérale de la droite.

- Deuxièmement : La crise est multiple car la France est non seulement mal gouvernée mais elle aussi très mal gérée.

- Troisièmement : le discrédit général dont est frappé le gouvernement implique une profonde remise en cause du système démocratique.

Pour autant que les syndicats et associations d'étudiants se félicitent donc de cette première victoire, ils n'en n'ont pas moins d'autres revendications à mettre en avant. C'est un ras le bol général qui a poussé 3 millions de personnes à manifester ; suppressions de postes d'enseignants, CNE, CPE, pouvoir d'achat etc. . Les mouvements qui ont eut lieu ont montré toute la créativité et l'esprit de responsabilité, ainsi qu'un sens civique de la jeunesse qui honore la France. Les citoyens en ont bien assez de devoir se serrer la ceinture à cause d'une cure de rigueur qui dure depuis vingt ans et veulent renouer avec le progrès social.

S'ajoute à cela, une profonde crise institutionnelle et démocratique qui couve depuis 2002, renforcée par l'inversion du calendrier électoral par Lionel Jospin qui en a augmenté l'ampleur en présidentialisant le régime de la V° République déjà frappé d'ambiguité.

Dans ces conditions, il faut non seulement remettre le calendrier à l'endroit, mais aussi changer de politique. La dissolution devrait être l'issue normale d'une telle situation au temps de la démocratie pour changer de politique.
Irresponsables, illégitimes, ceux qui nous gouvernent n'en tirent pas d'autre leçon qu'une nouvelle proposition de loi.
La V° République est morte avec le CPE !

Thursday, April 06, 2006

Poison d'avril



Constat de Présomption Elyséenne...

Après la prestation déphasée de Jacques Chirac sur le CPE, le numéro de réccup de Sarkozy commence à fonctionner puisque le terrain est libre, Villepin étant sorti du tapis rouge élyséen. C'est aussi une source de difficulté pour la candidature du ministre de l'Intérieur désormais bien exposé.
Reste que la manifestation historique demandant la mise en bière en bonne et due forme de ce contrat (et si possible l'enterrement du gouvernement avec), a ragaillardi les syndicats qui ne peuvent plus faire moins que ce qu'on leur demande et les associations lycéennes et étudiantes, forces motrices de ce mouvement. Le moment de résistance est assez savoureux mais le calme retrouvé après la tempète, le temps des discussions au sommet me laisse un peu sur ma faim. . C'est comme si l'on attendait quelque chose de la droite qui pourrait d'ailleurs bien venir si la malice l'emportait sur le clientélisme de la part du président de l'UMP. Et puis quoi ; La démocratie baffouée, l'immigration jetable, tout ça effacé par un coup de baguette magique abracad..abrogation ?!?

Que dire alors de la côte de popularité des unes et des autres à ce stade si ce n'est que sans une demande de refondation démocratique il n'y aura pas de changement véritable ? Le PS ne trouvera pas de marge de manoeuvre pour regagner la confiance des couches populaires s'il leur demande de faire de nouveaux efforts pour ne pas en promettre à son tour. Ceux là préfèront voire piétiner leurs libertés, concèder leurs droits élémentaires plutôt que donner un sou de plus pour remplir les poches de ces gaspilleurs d'argent public, à défaut de voire retomber les fruits bien mûrs de la croissance des profits financiers.

Il y a là donc une situation anxiogène pour la gauche qu'elle ne pourra pas dépasser sans jurer qu'elle fera de la politique autrement qu'elle ne le fît. Cela passe par une bonne gestion publique, la maîtrise publique des services publics, la moralisation de la vie politique et la régulation du capitalisme financier d'abord. Toutes ses propositions de réformes institutionnelle ou fiscale sont subordonnées à l'élaboration d'une stratégie de rupture constructive ; celle que constitue la sixième république.

Nous avons là un combat commun avec les Verts, le PCF, le PRG (et même la LCR), mais aussi avec l'UDF. Reste à mettre en mouvement la victoire qui ne sera pas acquise pour ne rien faire. Tout miser sur le vote utile au premier tour en faveur du PS comme nous l'avons fait aux régionales pourrait être risqué si nos partenaires ne nous offrent pas assez de renfort pour le second tour, car les élections régionales sont des élections proportionnelles avec prime majoritaire ce que n'est pas la présidentielle (je détaillerai mon idée sur ce plan dans un prochain édito). Pour être élu, il faut donc respecter la nature de ce scrutin. Il n'y aura de vote utile que si voter socialiste peut changer la vie. Pour réussir cette équation; je crois qu'il faut donc absolument incarner un changement de façon de faire, une lutte contre la précarité mais aussi un moyen pour les salariés de conserver leurs acquis ..ce qui - soit dit en passant- laisse peu de marge. Il faudra donc aller chercher l'argent où il se trouve ; paradis bancaire, paradis fiscaux, économie parallèle, trafics en tous genres..

Le choix de la gauche ne se fera que sur la base d'un vote socialement utile face à une droite profondément déstructrice des protections qui entourent les individus.
Cela veut dire que nous devrions opposer ensuite très rapidement au projet sécuritaire, une alternative d'émancipation individuelle dont la mise en oeuvre sera source de protection de nos libertés.

Vu l'enjeu historique de ce changement,
Vu l'ampleur du travail à accomplir
A mes yeux, il n'existe qu'un seul candidat qui a la volonté et l'énergie pour réussir ce changement radical mais doux. Le candidat socialiste.. faut-il que sa légitimité soit d'une force impératrice.

.. suite dans un futur édito !