Tuesday, April 11, 2006

Vers la fin du Berlusconisme ?



(photo d'illustration du magnifique film documentaire "viva zapatero" racontant le combat d'une artiste et la résistance populaire face à la dérive et la censure du régime italien-diffusé sur Canal plus)

De la difficulté de mettre fin à un système…

Pour tirer quelques enseignements des premiers résultats des élections italiennes, je dirai simplement trois choses ;- d’abord il est très difficile de mettre à terre un système bâti sur un clientélisme et une corruption institutionnalisés. Plus on le laisse gangrener la société, plus il en prend possession. Nous l’avons remarqué à Paris après les années Chirac-Tibéri, je l’ai constaté en Polynésie où Gaston Flosse a été battu à la suite d’une mobilisation exceptionnelle mais d'une courte tête seulement, etc.- la seconde leçon a tirer est que l’opposition Italienne ne résiste pas à la critique que l’on peut faire en général aux opposants des régimes autoritaires et ou corrompus ces dernières années. Lorsqu'une opposition fait montre d’une relative complaisance par sa passivité face à la corruption ou d’une combativité insuffisante elle risque le discrédit. Pour l'Italie, elle bénéficie de peu d'une réhabilitation tardive à la faveur d'une élection au prix d'efforts exceptionnels. Les candidatures de Kerry aux US, celle de Jospin en France, tout comme celle de Prodi qui avaient un profil technocrate n’était pas non plus de nature à rassembler les couches populaires.- Enfin, j’observe des similitudes inquiétantes entre le résultat de ces élections et celui obtenu en Allemagne ou en France en 2002, et ce, malgré les divisions ici, les coalitions là, puisque l’on arrive à une situation de quasi-blocage qui peut conduire à déterminer en dehors du peuple les configurations gouvernementales, même si celles-ci ne correspondent pas à l’avis majoritaire des populations. Selon moi, la cause de cela tient dans le fait que dans chacun de ces cas, les candidats ne sont pas neufs, n’apportent aucun nouveau souffle, ni aucun espoir de changement ou d’alternative claire.

La crise démocratique appelle des projets et candidats nouveaux, des militants de la démocratie, dont le projet sera simple : rendre à chacun de nous le pouvoir que la droite, mais surtout l'évolution du capitalisme contemporain, nous a retiré.Cela signifie donc qu’en France également nous aurions tort de considérer d’avance la victoire de la gauche acquise. Cela pour plusieurs raisons :

- la première tient au fait que si nous assistons certes à la fin du chiraquisme, un autre système s’y est substitué ces dernières années, c’est le Sarkozysme avec aussi une base arrière que constituent les Hauts de seine.

- La seconde est que la gauche commettrait une erreur identique si elle proposait un candidat qui ne soit pas susceptible de représenter et de rassembler les couches populaires.

- Mais surtout, méfions-nous des impressions du moment. Je considère qu’en demandant la démission du Premier Ministre, certains dirigeants PS sont tombés (volontairement ?, involontairement ?) dans le piège du jeu présidentiel, ce poison qui a pourri nos institutions. N'oublions pas que nous avons déjà changé quatre fois de gouvernement depuis 2002 et deux fois de premier ministre, une instabilité qui a caractèrisé la IV°République tant décriée sur tous les bancs. Or, en pareille circonstance de rejet global de la politique libérale, la seule conséquence logique fût de demander la dissolution de l’Assemblée nationale pour faire gagner la gauche rassemblée sur un projet en offrant le débouché politique constructif à la crise actuelle qui n’est pas réductible à sa dimension sociale et à fortiori au seul emploi des jeunes. La victoire aurait été, comme en 1997, je le crois acquise.Ne pas avoir fait cette demande est à mon avis une erreur politique qui – l’avenir nous le dira - nous a peut être fait perdre la seule occasion de gagner la prochaine législative en annulant cette terrible faute de l’inversion du calendrier électoral. Je considère que nous aurions bien plus de chance de battre la droite sur un rejet d’un système à bout de souffle et corrompu que de gagner sur un projet politique flou en 2007. J’ajoute à cette réflexion le fait que l’élection présidentielle sera dominée par le profil personnel des candidats et non les programmes politiques, ceci faute d’asseoir le notre sur une légitimité suffisante (celle-ci dépendra des divisions internes au PS à l’issue du vote).Pour ajouter un autre argument à cette affaire, je crois que notre rassemblement sur l’élection législative aurait pu être beaucoup plus fort dans le contexte actuel qu’il ne sera évident demain pour des raisons internes et externes au PS.Laisser un an de plus à Nicolas Sarkozy pour conforter son système était courir un danger à notre pays ; celui de jouer sur le fil du rasoir la future échéance décisive pour le peuple et la démocratie française. Maintenant il va falloir aller plus vite et nous affirmer plus fort pour emporter ce qui est désormais malheureusement convenu d’appeler la « course à la présidentielle ».

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