Monday, February 06, 2006

Sournoises caricatures...

Ne cherchons pas à savoir qui a raison ou qui a tort. La raison n'a rien à voir à l'affaire. La triste histoire des publications de caricatures est elle même caricaturale, tant par ses excès, que par ses non-dits. Les uns, apôtres de la liberté d'expression fustigeaient hier un humouriste pour ses sketchs "antisémites", les autres ayant recours à la violence pour dénoncer la haine. Des deux côtés, sans doute autant d'intolérance et au milieu des millions - que dis-je des milliards- d'individus pris en otage. ..Bref, la sagesse n'étant pas de mise, le sentiment de la manipulation grandit. Il grandit à Paris, lorsque l'on sent brandir la sacro-sainte liberté d'expression de manière accusatoire alors qu'une censure douce s'excerce tous les jours presque sans réaction dans la presse par des pouvoirs politiques et financiers à l'instar du livre sur la femme de Nicolas Sarkozy, les enquêtes du magazine "Capital" sur la française des jeux, la vérité des chiffres du chômage ou de la délinquance, la bavures policières, les atteintes aux libertés fondamentales, etc. La manipulation grandit aussi sous l'égide de ces gouvernements des pays arabes qui exploitent la misère de leur peuple en leur servant sur un tapis la religion comme palliatif, le blasphème comme exutoire pour faire oublier qui sont ses véritables oppresseurs.Je ne me sens pas du tout "représentée" par l'une de ces deux parties qui s'invectivent et se battent. Quand j'envisage le retour d'une certaine morale ce n'est ni pour servir de caution à de nouvelles croisades menées sous couvert de liberté d'expression dont le but final sera d'asseoir la tyrannie du pouvoir totalitaire de l'argent conjugué à l'autoritarisme d'Etat, ni à l'inverse, par désir refoulé d'expérimenter la charia sous l'effet de l'opium religieux. Ces deux là sont des soeurs jumelles. En serions-nous donc réduit à devoir choisir notre oppresseur ? ..relisons la Boëtie pour mémoire.Or, ce que disent les faits c'est qu'un coup a été porté à travers des dessins qui visent une communauté de croyants. Ce coup a un auteur, il a fait des victimes. Et à qui donc profite le crime ? A celui qui saura le mieux s'en servir et qui aura le pouvoir, voilà tout. Lorsqu'on est pauvre, qu'on a subi la guerre dans son pays et le colononalisme parfois encore aujourd'hui on a plus de raison de se révolter quand ce en quoi on a réfugié son salut, ce qu'il reste d'espoir d'une autre vie, par la foi est moqué, insulté même en l'occurence.D'un certain point de vue, j'ai la faiblesse de croire que le pauvre est plus excusable même en brûlant des objets, en jetant des pierres, que celui qui se planque pour insulter derrière sa feuille de papier en attendant que d'autres gratte feuille viennent lui porter secours au nom d'un principe à géométrie variable qui se dit "liberté d'expression" qui ne vaudrait que pour stigmatiser l'autre, ce faisant le bras armé du véritable tyran en attisant ainsi la haine raciale. ..Séverine, alias Caroline Remy, disait : "je suis toujours du côté des pauvres, malgré leurs erreurs et malgré leurs crimes." Or je crois profondément que cette affaire de caricatures dissimle une grande problématique sociale et d'abord de la misère. N'est on pas donc en train de chercher à substituer la guerre des civilisations à la lutte des classes ?Qu'en penser à ce stade ? Depuis la sortie de cette affaire de caricatures, les jeunes de nos banlieues n'ont pas brûlé de voitures, alors qu'ils sont en permanence dépeints comme des islamistes intégristes, terroristes en puissance. C'est que la dominante sociale et les discriminations dont ils souffrent était peut être bien la cause de leurs révoltes et non leurs "problèmes d'intégration", leurs pseudos différences culturelles, ou appartenance religieuse voire.De l'autre côté, ne soyons pas aveugles face à l'exascerbation de la religion, utilisée comme outil de la contestation populaire dans des pays victimes de la corruption où se conjuguent montée du nationalisme et politisation de la religion. Sacrée, la doctrine religieuse a remplacé la doctrine politique partout où celle-ci a été discréditée. Avec ses élus désacralisés, sa république en miette, la France ne voit-elle pas monter un peu quand même le fait religieux ?...pas seulement là où on le prétend d'ailleurs. Pas seulement dans nos quartiers "difficiles". La reliogiosité ne relève par que de la foi en dieu, la religion de l'argent a aussi ses fidèles.De la morale laïque collective et individuelle, de la libre conscience et du respect mutuel c'est de cela qu'il nous faut pour grandir ensemble et comprendre que la lutte contre le désordre économique et social permet le changement, dès lors qu'elle fait corps avec l'intérêt général de la population. La lutte contre le pouvoir de l'argent est l'instrument véritable d'une laïcité émancipatrice et non défensive et étriquée car affaiblie.Je suis pour un nouveau front populaire dans ce but. Celui-ci doit être mondial et surtout pacifique et mixte, seules conditions pour être rassembleur et unificateur. Cela ne signifie par un front uniformisateur car nos valeurs ne sont pas toutes encore universelles au point d'être partagées partout et par tous. Cela veut dire qu'à minima le respect des droits de l'homme et de la femme ne sont pas négociables. Cela veut dire que l'on doit respecter les hommes, les femmes et les enfants de manière égale lorsque l'on est un religieux, comme lorsque l'on est chef d'entreprise, ou lorsque l'on dirige un pays.Car, à défaut nous fonçons droit sur un mur, chacun replié dans son coin, les uns faisant la guerre, les autres l'attisant jusqu'à débarquer un beau jour pour "imposer" la démocratie..avec leur torture et leurs victimes civiles. L'impunité des uns couvrant la souffrance des autres. D'aucun ne veulent se dire "je t'aime" par intérêt supposé (il est bien réel pour les sociétés privées qui engrangent les profits durant ce temps là) à guerroyer. Et nous, millions de braves gens, scotchés devant notre télé à pleurer devant la misère en nous répètant que nous ne voulons pas de ce monde là, ni de cette guerre stupide de l'occident contre le monde arabe, ou on ne sait quoi d'autre, ni même nous ne voulons de la guerre des athés contre celles des croyants. Cette guerre là n'est pas la notre !Nous, qui sommes étangers où que nous soyons dans le monde que nous soyons ou non croyants, nous désapprouvons tout autant la stigmatisation brandie comme étendard dans un journal, que les drapeaux brûlés de nos pays.Et, tandis qu'on nous pousse à choisir notre camp, l'espace laïc rétrécie peu à peu, faute d'être assis sur deux pilliers solides interdépendants : la tolérance et l'égalité.De toutes parts, la démocratie perd de sa force à chaque fois qu'elle cède aux petits arrangements avec ces deux valeurs. Et les populations se trouvent nez à nez tandis que les Etats parfois incarnés par d'irresponsables donneurs de leçon- ou donneurs d'ordre selon, se trouvent délégitimés faute d'être tant crédibles que bien intentionnés à l'égard de leur peuple. Sans issue, cette guerre n'a qu'un but ultime ; semer le désordre entre les populations, alors qu'au sommet des élites religieuses, politiques, économiques se coitoient bien fraternellement.Nous ne voulons pas de cette guerre là !Rester inactif face à la tentative de nous imposer un nouvel ordre mondial bâti sur l'affrontement c'est bien tendre la joue.Le maheur des peuples n'est pas une cinécure. Tandis que les peuples s'entredéchireront pour des histoires de religion, les dirigeants continueront de s'entendre sur la répartition de l'argent de la corruption. Pétrole contre nourriture...dollards, contre guerillas.Non, nous ne voulons pas de cette sale guerre !Réfléchissons à une idée dont la compréhension nous aiderait à nous unir pour changer un peu la donne à partir de cette question :Et si, tout simplement, le racisme n'était qu'une mystification pour distraire l'attention des populations des vrais sujets qui concernent leur condition de vie.Et si notre problème n'était pas tant "la xénophobie du peuple que la mixophobie des élites" (dixit mon ami Stéphane Pocrain) ?
ET si le racisme venait d'en haut dans le but de distraire notre attention de la vraie corruption de la démocratie ?

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