Tuesday, July 18, 2006

Rénover dans la tranquillité

De l'éthique de la raison..

Arnaud Montebourg n’est pas dieu. Mais au moins lui il existe. Et jusqu'à preuve du contraire, nous avons eu raison de croire en lui, de lui accorder notre confiance. Voici, un homme pour qui la raison politique a ses raisons que le coeur ignore parfois. Son choix d’envisager ce qui fût présenté comme un ralliement (surtout si vite)- à la candidature Royal, m'avait laissée perplexe. Mais il faut méditer précisément l'enjeu de ce qui pourrait prendre la forme d'une alliance vertueuse, à condition que Ségolène soit loyale. ..



Un frangy..Frangesque !

A Frangy, le 20 août, je n'ai pas été frappée par la révélation divine, mais enfin je n'ai pas non plus été assaillie par le regret car Ségolène Royal a tenu un discours fort sur les valeurs : le travail, la famille, la morale, qui sont aussi, ne l'oublions pas, les valeurs populaires et ouvrières. Sur le pétrole, l'eau, la participation des citoyens aux décisions publiques à travers la "révolution démocratique", la lutte contre la corruption, le co-développement, j'ai entendu des choses qui prouvent qu'elle n'est l'otage d'aucun lobby économique, financier ou simplement dogmatique. Et, si je reste en désaccord avec certaines de ses propositions sur la délinquance qui montrent qu'elle a encore du chemin à faire pour que sa candidature rassemble la gauche, force est de constater, que le résultat et la méthode par la preuve seront déterminantes pour elle. Cela me parait au moins une attitude honnête et responsable. Devant trois mille personnes curieuses de la voir de plus près, de l'entendre, elle a installé un peu plus sa candidature qui a déclenché une immense vague médiatique prouvant qu'Arnaud a réussi son pari de faire de Frangy un évènement politique d'ampleur nationale incontournable.

Elle ne gagnera pas sans nous. Telle est la leçon de son choix.
Un joker dans une main, une arme dans l’autre.

Ce n’est pas pour rien qu’ils ne voulaient pas de la candidature de celui qui a refusé la synthèse factice du Mans. En réfléchissant, cette histoire de signatures me fait penser à une autre affaire, face à Chirac et au même constat douloureux des pratiques scandaleuses dont est capable la direction du PS. Aussi, comment ne pas rappeler tous les donneurs de leçon, souvent cumulards de succroît, à leurs responsabilités aussi dans cette affaire ? Nos idées demeureront par delà le Mans, par delà toute alliance, par delà toutes leurs méthodes. Les principaux présidentiables ont su nous sortir la dernière combine d’appareil nous empêchant de défendre nos choix. Face à l'union sacrée de ces éléphants, il a choisi l'alliance pour le changement, prenant le contrepied de ce système qu’il veut transformer. Car, le fondateur de la Convention pour la Sixième République sait que l’élection présidentielle est une affaire symbolique et qu’au fond tout se joue dans la future majorité parlementaire engagée dans le projet socialiste à un certain nombre de réformes, dont celles des institutions six mois après l’élection. Il se dit qu’elle peut gagner et alors la politique changera. Ce pari est la raison d'un rapprochement. Réussir ce qui n'a pas été possible autrefois en étant acteur et non simple spectateur. ..


Il se trompe peut être..

D’ailleurs, soyons lucide, elle ne pourrait rassembler seule la gauche ni culminer dans les sondages une fois investie. Je ne crois pas que le Figaro, Paris Match et le Monde continueront longtemps de supporter sa candidature (et que penser des autres candidats, les médias ont déjà choisi le leur ?). Certes, tout sera plus difficile et plus compliqué une fois investie. On vérifiera alors la loyauté des autres dirigeants socialistes dans la campagne.. Pour autant, je ne suis pas d'accord avec la tribune d'Alexis Dalem parue dans le Monde il y a peu sur le "péril Royal", car quel repproche (Sarkozisation de la gauche, bushisation des esprits) pourrions nous faire à Ségolène Royal dont on ne pourrait affubler les autres candidats qui ont déjà fait leurs preuves..enfin si l'on peut dire. En outre, celui-ci omet de considèrer l'apport politique que Rénover Maintenant a déjà et continuera d'insuffler à sa candidature. A ses côtés, notre objectif sera d’abord d’empêcher le pire, au nom de ceux qui souffrent de la politique de la droite et qui ne peuvent pas attendre. Il sera ensuite de se donner les moyens de mettre en oeuvre une politique de gauche.

Si l’on échoue, au moins aura t-il tenté de porter ses idées au pouvoir se dit il en faisant bouger le centre de gravité de la candidature la mieux placée à gauche. Car, Arnaud est d’abord un responsable politique.

Mais quelle alternative gagnante possible ?

Promis, je ne ferai pas parler Jaurès mais quand même, notre choix - n’est pas entre tout ou rien. C’est, disais-je dans un précédent article, celui de la raison même lorsque ici, certains la trouvent paradoxalement immorale à plusieurs titres. S'il faut reconnaître que Mme Royal défend à première vue des idées éloignées des notres sur plusieurs sujets (Banlieues, Europe) ou tout au moins la façon de les aborder (traiter les effets comme étant des causes), aucune alliance n’était idéale à défaut de pouvoir lui-même se présenter. Mais pour défendre ses positions au-delà de l’élection présidentielle -ce poison, le président de RM a choisi de se saisir d’un micro et des seules tribunes qui s’offriront à nous, au lieu de crier aux loups dans le désert. Il faudra donc faire confiance à Arnaud pour rester lucide et exigent devant un tel choix et les risques qu'il représente. Ce sera aussi le role stimulant et d'agitateur d'idées et de conscience de Rénover Maintenant. Sa nommination comme porte parole de la candidate est en tout cas le signe visible d'une construction politique nouvelle qui se dessine. Elle prouve que nous sommes en présence d'une alliance politique et non d'un ralliement cosmétique.
Sur la morale, relisons donc Malraux...


Un nouveau Front populaire en 2007

Autrement qu'un désir de Ségolène Royal, l'opinion manifeste une volonté de changement à l'instar de celle que la France a connu en 1981. Pour être durable au pouvoir, cela nous assigne à un double objectif ; gagner, et ne pas décevoir. Il en va donc de notre crédibilité à asseoir une candidature incarnant réellement une façon de faire de la politique autrement sur une ligne engagée sur les questions démocratiques pour réaliser demain l'alliance des salariés et des ouvriers, des couches populaires et des classes moyennes, la gauche politique et les syndicats à travers une sorte de nouveau front populaire suceptible de bâtir les réformes progressistes dont la France a besoin.
Si nous n’avons pas réussi à changer la gauche après 2002 c’est parce que la défaite a conduit le PS à se replier sur lui-même bunkerisé, tétanisé voir par la peur d’une droite en mouvement. Et de ce point de vue, les remords tardifs des uns ou les explications d'un autre (suivez mon regard..) ne changeront rien au fait que les français veulent d'abord que ça change. Qui sait si la force émancipatrice d’une victoire ne peut donc nous permettre de reconstruire la gauche demain. Pour favoriser cette nouvelle donne politique et générationnelle il nous faut :

- Dépasser les querelles d'égo des appareils des uns et des autres, sans renier nos différences, là est notre horizon.
- Surmonter notre amertume face à un choix déchirant.
- Contraindre cette gauche qui rennonce à dominer le marché. Car il faut empêcher la fatalité d'une alliance au centre en nous collant comme une sangsue à l'aile démocrate de ce qu'il reste du parti socialiste pour éviter qu'il ne se produise, comme en Allemagne, un divorce entre les deux gauches qui conduit la droite au pouvoir. Parce que les libéraux du PS ne l'ont pas compris, parce qu'une partie d'entre eux s'en accomodent parfaitement, mêlons nous de leurs affaires en prenant les rênes à notre tour comme nous l'avons fait en jouant des coudes sur le projet et dans les derniers congrès !

Si une chose est donc à retenir de ce fait : il n'y aura pas de Saint Barthélemy au PS, mais il n'y aura pas non plus de Bad Godesberg ! Parce qu'Arnaud en a décidé ainsi.

Ainsi, je donne ma réponse à celles et ceux qui ces temps –ci m’ont demandée comment je pouvais accepter ce choix. Certes, nous n’avons aucune certitude sur l’avenir car les temps ont changé. Royal n'est pas Mitterrand (tant mieux diront certains) et elle a encore beaucoup à faire pour nous convaincre et surtout pour convaincre celles et ceux qui sont suceptibles de voter pour la gauche..
Les autres candidats (surtout Fabius à mes yeux) ont leurs atouts et rien ne justifie le dénigrement qui accroitrait la démonétisation d'une candidature. S'il l'un d'entre eux est finalement le candidat des socialistes alors il faudra se battre pour faire gagner la gauche. Chacun devra porter le projet des socialistes, seule comptera sa fibre et ce qu'il représente. Le féminisme, le sens de l'Etat, l'économie, l'éthique. La leçon que je tire des précédents scrutins est que l'élection présidentielle se gagne sur les valeurs avant tout.


Avancer sans se renier..

J'ai donc voté la motion présentée au Conseil d'Administration de Rénover Maintenant à Fouras rassemblant les militants sur une ligne permettant d'acter et de poursuivre l'orientation choisie par Arnaud Montebourg pour la présidentielle sans diluer l'identité et la force que constitue notre mouvement. Je l'ai fait à ce stade "sans illusion, mais sans réserve" selon l'expression consacrée.
Je persiste à penser que derrière une volonté, il y a un chemin.

Wednesday, July 12, 2006

"Lobbying : au delà de l’enveloppe" :


le film documentaire sur la corruption de la démocratie

Quand le lobbying devient du trafic d’influence et que les intrêts privés priment sur l’intérêt général dans les institutions européennes alors la démocratie est dévoyée. Pour comprendre, voir et agir avec le film de Myriam Tonelotto présenté ces jours-ci au Festival international des résistances à Foix( Ariège). On peut le comander par internet sur le site de "Voir et Agir".
Ce Film de Myriam Tonelotto est une Production ANAFILMS. Sa durée est de 45 min. Il date de 2003.
Voici sa présentation par "Voir et Agir" :

"Ce n’est pas de la corruption, c’est du lobbying. Si les mots changent, si l’un est légal et l’autre ne l’est pas, si les enveloppes ne circulent pas, le principe reste identique : le marchandage de services rendus entre élus ou représentants institutionnels illégitimes et multinationales bien établies à Bruxelles. Les uns font les lois, les autres les infuencent par tout moyen. Le lobbying constate Myriam c’est de toute façon "la loi du plus fort et à ce régime l’argent gagne toujours". Le tout se fait sous couvert de lutte contre la corruption avec l’appui d’institutions financées par des groupes privés. Nous assistons à la corruption de la démocratie.
"Pourquoi tant de bruit soudain dans le monde feutré de la corruption ? Pourquoi media et politiques enflent-ils chaque jour la masse d’articles, de reportages et de déclarations concernant les « affaires » ? Indépendance accrue des juges et de la presse ou transparence grandissante du monde politique ? Lobbying : au-delà de l’enveloppe y propose une tout autre réponse : la guerre à fleuret moucheté lancée aujourd’hui contre la corruption fait diversion à l’installation d’un système bien plus propre, bien plus présentable, et infiniment plus dangereux : le lobbying.
Dénoncer l’enveloppe de cent mille francs ou la mallette d’un million d’euros permet de fixer les regards sur quelques cas anecdotiques, et empêche de les lever plus haut, beaucoup plus haut. Là où les enveloppes n’ont plus cours depuis longtemps. Là où il n’est même plus question d’argent, mais d’échanges de services bien compris. Là où les lois européennes sont taillées sur mesure pour les lobbies financiers et industriels.
La corruption pénalisait le contribuable, le lobbying enterre le citoyen. Lobbying : au-delà de l’enveloppe tente de dérouler le fil du « pourquoi », en empruntant deux accès : la voix pragmatique des témoins les mieux informés, et la voie symbolique du film d’animation. La parole et l’image, le son et la poésie. Parce que face à l’univers désincarné du lobbying, le cœur a sa place autant que la raison.
Ce film présente à travers les témoignages d’acteurs et de journalistes de premier plan de la vie politique et économique européenne (parmi lesquels nous retrouvons Lucien Thiell, président de l’Association des Banques et Banquiers de Luxembourg) comment les intérêts privés arrivent à imposer leur vues aux politiques élus par le peuple, à la fois en toute légalité et à l’abri de tout contrôle citoyen. "