Wednesday, September 03, 2008

La Rochelle, le retour

Hum intéressant : blogger pour essayer de dire ce qu'on pense dans un média libre, c'est tout naturellement que j'ai accepté la proposition de rue 89 d'apporter ma contribution au commentaire de l'université d'été du PS.
Exercice difficile pour une militante enthousiaste mais fataliste et prudente (je n'ai pas encore repris ma carte)...donc ironique.

Pour ceux que cela intéresse :

(J- 1 : note d'ambiance )
La Rochelle en mode veille

Portable à l'oreille, même éteint on ne sait jamais, blackberry si possible, chemise à manches courtes sur jean mal coupé, la cinquantaine avancée, le bronzage aussi, bedonnant, rieur et reluqueur, l'image d'épinal de l'élu socialiste en balade à la Rochelle a considérablement évolué le temps d'une élection. En dinant près de chez « André », l'incontournable resto des fines bouches socialistes, l'on s'attarderait bien pour contempler une espèce en voix de mutation. Sans rire, Sege Janquin à droite, Alain Cacheux plus haut sur la gauche, deux barons de la fédé du Nord, font figure d'exception parmi les quelques caciques aperçus. Car, depuis les municipales et cantonales 2007, beaucoup de nouveaux élus ont fait irruption dans les collectivités locales gérées par des socialistes. A la surprise générale (la leur y compris parfois) certains sont, du jour au lendemain, entrés dans la cour des grands en accèdant à des responsabilités de maires, ou de présidents de conseils généraux. Si ce renouvellement des têtes peut incarner un début d'espoir de changement de pratiques politiques, l'inquiétant balai des habitués venus s'échouer tel des baleines en terrasse du bar « via brazil » l'instant d'après laisse songeur en revanche...
Mais enfin, il paraît que ces deux premiers jours de rencontres et de formation des élus socialistes ont été « studieux et fructueux » selon une jeune élue. Comme toujours peu disserts sur le contenu concret de ces ateliers, les plus sages autour d'elle préfèreront aller « se coucher de bonne heure pour être en forme » à l'ouverture de l'université d'été des militants socialistes qui débute... le lendemain à 15h au lieu de développer le sujet. De l'énergie, il en faudra pour entendre les discours et débats sur l'état de la France et des français - dont on parlera toujours à la troisième personne du pluriel, l'Europe, la mondialisation, la pauvreté dans le sud, le co développement... enfin « en présence d'experts et de personnalités issus du monde syndical et associatif » comme le programme l'indique années après années, depuis....
Et du courage -sur l'air de la chanson du centième anniversaire du PS, il en faudra pour sourire encore quand Gérard, Robert ou Madeleine viendront nous saluer en accusant par un « ça va ? ouaih ça va » lancé sans écouter la réponse donnée par l'autre parce que seule compte la question posée pour que les choses se déroulent normallement selon le rituel. Qui sait ce qu'il adviendrait d'une réponse négative ? Et puis, vers 18h30 dans un brouhaha généralisé, ils se quitteront quelques heures avant de se retrouver quand même pour le dîner organisé par leur fédération, au bon milieu de tas de gens sympas qui se détestent mais passent plus de temps ensemble à se chamailler entre camarades qu'avec leur petite famille. Un peu comme on vient règulièrement faire un tour obligé chez certains proches parce qu'on en ressent le devoir moral, parce que ne pas y être c'est un peu avoir sur la conscience l'effondrement du décor. Après tout que serait la Rochelle sans le PS, le PS sans ses militants, et les militants sans leurs disputes ?
Au fond, on ne se lasse pas de ce vieux film qu'on se repasse chaque année. On y retourne et on en repart avec ce même arrière-goût aigre doux puis finalement doux amert. Heureusement, ce week end sera aussi marqué par des moments festifs prolongés tardivement pour finir en beauté sous un soleil radieu, un été qui n'en n'a pas vraiment été un. Qui sait si cette année encore, La Rochelle ne nous réservera pas encore un de ses non évènements dont les socialistes cultivent jalouseument le secret ?
Maupassant a écrit : « le bonheur est une longue et paisible attente ». Le Parti socialiste nage dans le bonheur. Un interminable bonheur.


à l'ouverture bilan de la première journée :

Première journée sous le soleil


Les rayons du soleil ont progressivement imposé une chaleur plombante sur la Rochelle. Si les moins téméraires auront finalement préféré la plage aux salles bondées des ateliers de l'université d'été, beaucoup sont déjà au moins venus retirer leur badge. Entendons, faire du repérage..
Au final, la quantité de socialistes au mètre carré dans les rues ce soir-là donne un aperçu de l'intérêt que représente à nos yeux ce temps fort de la vie militante. Pas la peine de chercher trop longtemps à savoir si les choses vont vraiment changer au Parti socialiste. Les réunions de courant qui ont eu lieu en fin de journée consistaient d'abord à sortir de la torpeur estivale pour s'entendre sur un dénominateur commun en terme d'alliances et de calendrier. Croisé..par hasard devant le « via Brazil » à une heure assez avancée de la soirée, Christian Paul, se veut rassurant mais lucide. Vérification faite Arnaud Montebourg, Pierre Moscovici, Martine Aubry, et les autres reconstructeurs se parlent encore. Ils font de la remise du Parti au travail le point de départ de quelque chose. Minuit c'est trop tôt encore pour savoir de quoi demain sera fait. Pour autant, il existe des dénominateurs communs entre tous : éviter la présidentialisation d'un parti miné par les rivalités personnelles, chercher à donner le meilleur de soi pour s'opposer à la droite. Les quelques Ségolistes entrevus ici ne chercheront pas à entrer en scène, faute d'être plus nombreux ce soir là..On murmure en tout cas qu'il se pourrait que quelque chose arrive..Demain, après demain, après après demain on ne sait pas. A ce stade on se réjouit seulement de savourer un dernier coktail avant de se mettre à plancher sur les motions, dès lundi prochain. On cherche encore l'inspiration mais bon ça viendra car au fond la ligne est claire : il s'agira plus de calage stratégique que de blabla philosophique . Pourquoi pas à vrai dire?
Si « les français attendent de nous un changement d'attitude » disent la plupart, n'empêche qu'il faut penser à nourrir la bête si l'on ne veut pas la voir dépérir. Sans repolitiser fortement le PS, celui-ci restera soumis au diktat d'un appareil sclérosé par le syndicalisme électif.
Quant à l'équipe sortante, elle ne sera probablement pas tout à fait sortie si tout ce petit monde finit par cheminer ensemble. Et, chemin faisant alors on se demande encore qui François soutiendra (et vice versa), comment Delanoë compte s'y prendre, et ce que feront Benoît Hamon et Henri Emmanuelli du Nouveau Parti Socialiste. Une chose est sure, assez loin de là, un nouveau parti de gauche vient de se créer : le NPA – pour anticapitaliste, autour d'Olivier Besancenot. Lui a réglé et la ligne et le leadership d'une seule traite. Et c'est normal quand on ne se pose pas comme préalable la question du pouvoir qui est tout à la fois : source d'action et source de corruption. Décidement le soleil chauffe.. on va sortir la crème pour se protéger de mauvaises radiations des ulraviolets. Quoiqu'un hâle légérement plus rose...


Bilan au troisième jour :

Ligne brouillée sur le téléphone rose

Un café des oeufs brouillés, et retour sur Paris. Dimanche il fallait mieux rentrer avant les embouteillages. Le discours vainement unitaire de François Hollande ne changerait rien à la morosité ambiante. A plusieurs ou en ordre dispersé, le coeur n'y était plus de toute façon. Tels des gamins irresponsables, ils ont encore donné l'impression de ne pas avoir conscience de l'enjeu pour la France, de l'enjeu pour le monde, de remettre de l'ordre dans la démocratie, de construire un outil politique utile. Bref, de faire taire leur ventre affamé d'ambitions personnelles. Et puis, s'ils avaient du pouvoir qu'en feraient- ils ? Telle est la vraie question.

Les choses se sont donc déroulées comme prévu, hélas. On se retrouve, on se chamaille, on se retrouve. On ne dit rien qui vaille. Seul souffle de conscience entendu ce matin, les propos de Benoît Hamon posant l'exigence forte de parler et d'écouter d'abord les gens issus des milieux populaires et qui trinquent. Car l'egocentrisme rend sectaire et autiste.

Groguis et toujours assommés par la politique menée par l'actuelle majorité, on se dit que ces socialistes feraient mieux de faire un long séjour à l'île de Ré.

Alors, après dix ans de François Hollande, un inventaire est sans doute nécessaire mais enfin, on voit bien que si tout le monde pose son exclusive : genre « oui on veut bien Aubry mais pas Fabius » ( décidément lui souvent on se demande pourquoi), ou encore : « nous on veut seulement Mosco et pas Aubry », la cacophonie régnera longtemps après lui.

Et qui sait si au bout du compte finalement on ne regrettera pas François Hollande ?

Si le ps se meurt de la pipolisation alors il faut le repolitiser.