Thursday, May 22, 2008

Institutions : la machine à corrompre

Passé la lecture fastidieuse d'un texte fourre-tout qualifié par certaines pointures du droit constitutionnel de « diverses dispositions d'ordre institutionnel », l'on ne saurait faire abstraction de l'enjeu politique de cette réforme dans un monde à la déroute.
Si les uns s'empressent de vouloir ratifier à la hâte un texte de compromis, d'autres le refusent par principe. Mais les français eux demeurent tenus à l'écart d'une réforme pourtant censée démocratiser le régime..


Résumons donc quels sont les intérêts des parties prenantes pour comprendre les tribulations du moment au PS ..pour ne pas les Valls et citations des socialistes dans les colonnes de la presse ces jours-ci.(voir notamment l'appel des 17 promoteurs de la réforme publié dans le Monde daté du 23.04.08)

Pour Sarkozy, la recherche d'un consensus est indispensable pour le crédibiliser comme démocrate.
En effet, si la différence entre gauche et la droite s'amenuise de plus en plus sur le terrain de la politique économique ( comme d'aucun ici et là s'évertue à nous le faire admettre "tout ça c'est dépassé, nous sommes tous libéraux et sociaux comme aux us.;; Lui en premier avec sa politique "d'ouverture") en tout cas il y a des « libéraux » au ps comme à l'ump et des « conservateurs » disent-ils - ce qui soit dit en passant ne constitue pas au sens historique le coeur du clivage entre la gauche et la droite- rappelons qu'en 1789, ceux qui décident l'abolition des privilèges sont à gauche de l'hémicycle les vrais libéraux. Bref disais-je, si la gauche et la droite ont disparu, ce qui différencie les uns des autres repose sur une certaine idée de la République, de la pratique politique aussi. Par conséquent, le clivage d'aujourd'hui est comme je l'écris depuis des lustres, mais personne ne le lit alors bon, comme aux US celui du « pour » ou « contre » le président de la République et le sarkozysime en tant que régime politique au service d'une classe sociale supérieure (pour ne pas dire un élitisme autoritaire.. je pourrais développer mais internet a des oreilles, enfin des yeux, le fameux « oeil turc »..). Un peu comme Berlusconi en Italie, Bush aux US.. histoire de ne surtout pas remettre en cause le capitalisme financier.


Pour le PS, et le reste de la gauche, quel est donc l'intérêt à voter le texte portant réforme des institutions dans le combat face à Sarkozy ?

Selon les uns : Manuel Valls, Christophe Caresche etc. Il pourrait s'agir d'une sorte de « compromis historique ».
Ce en quoi je vois bien ce qu'il y a de compromission mais ne trouve rien d'historique si ce n'est la réedition new age de la signature du pacte de 1958... et pour quelle gloire ???

Selon d'autres : François Hollande, Jean Marc Ayrault, il faudrait surtout ne pas voter, ce qui a le mérite de la clarté mais ne peut en aucun cas faire avancer la cause parlementaire, sociale et démocrate que prétendent servir ses auteurs.

Maintenant que dire des principaux intérèressés : A savoir « nous » les citoyens ?
Premièrement, à aucun moment « nous » (« les français » comme ils disent) n'avons été consultés. Personne ne nous demande notre avis.
Ensuite, pendant que les députés font leur tambouille, pendant que s'effectuent les tractations de couloir, on aimerait juste savoir comment gagner mieux notre vie avec cette constitution là qu'ils veulent nous donner. C'est à dire que le débat nous intéresserait si on mettait au centre de tout cela le non cumul des mandats, la justice, toutes ces réformes qui feraient que nos élus seraient davantage ancrés dans la vie ordinaire que dans une carrière politique qui les met à l'abri des aléas du « libéralisme économique, oui du marché quoi » et qui en plus, garanti leur impunité s'ils vont se servir dans les caisses publiques... C'est à dire justement toutes les réformes qu'ils ne ferons pas. « Populisme ! antiparlementarisme ! ».. j'entends déjà leur cris d'orfraie .. on les connait par coeur, ça frôle le terrorisme intellectuel cette injonction de se taire !
(voir donc le site de l'alter réforme et les cinq bonnes raisons de dire "non" :http://altercomite.c6r.fr/?p=117)

Alors qu'on ne nous fasse pas croire que la gauche a le moindre intérêt à passer pour « responsable » en votant un texte qui ne changera rien de concret à ce stade, c'est à dire sauf avancée très significative. Au pire, cette réforme passera sans les voix de l'opposition, ce qui la fondera à s'attaquer au Sarkozisme avec plus de ferveur et de crédibilité demain. Au mieux, le texte sera rejeté, et il restera une arme pour négocier les points durs que devraient être la justice indépendante, le non cumul des mandats et des fonctions, le droit de vote des étrangers..
Sarkozy n'aura alors que deux choix : capituler ou capituler.
C'est à dire : lâcher sur le fond, ou enterrer sa réforme.

Les français auront alors entendu que pour les socialistes la République n'est pas génétiquement modifiable !

Qu'ils disent : « vous voulez une République de gauche, cela n'est pas possible de rassembler tout le monde sous cette bannière ». Laissons les braire.
Si nous refusons que l'idéologie se mêle à la constitution se n'est pas pour ériger la « république socialiste de France », c'est juste pour faire la République, toute la République, rien que la République. Car nous savons que les compromis historiques ne peuvent être arrachés qu'au rapport de force. Car, nous savons que pour gagner plus il faut revendiquer plus. Ensemble.

Dans cette affaire, la promotion canapé reste malheureusement l'obstacle qu'une poignée d'individus placent encore devant la réalisation d'un grand dessein collectif. Fin de la partie mardi prochain. ça c'est sûr, les socialistes risquent d'être "responsables" de quelque chose. Mais de quoi ?