Wednesday, March 28, 2007

Rencontres du 5° type à Agoravox



Du virtuel au réel..

J’étais samedi dernier aux « rencontres du 5° pouvoir » organisées par Agoravox.
D’abord un grand bravo aux organisateurs pour la qualité de l’évènement qui valait bien toutes ces manifestations institutionnelles dispendieuses auxquelles on assiste parfois. Très hype, le style « Usine nouvelle » pour discuter de citoyenneté numérique, et plus particulièrement de journalisme citoyen, de son état, de son avenir.

A force de me creuser les méninges à me demander si je savais où je m’aventurais, j’ai trouvé une esquisse de réponse concernant cette notion de « cinquième pouvoir ».
Je profite d’ailleurs de ce petit billet pour inviter les blogmen and women à lancer un prix de l’idée la plus originale pour en formuler une définition. Je m’y essaie donc..

Une forme de résistance citoyenne

Un mot d’explication pour justifier mon raisonnement à partir d'Anticor et de la résistance citoyenne, thématique de la table ronde dans laquelle j’intevenais. La lutte contre la corruption est de ces sujets peu ou mal traité dans les médias "traditionnels" ; parce qu’ils sont eux-mêmes corruptibles par l’argent de part la nature de leur capitaux mais aussi leur financement via les annonces publicitaires. Sans parler de la consanguinité indecente entre les milieux politiques, médiatiques, affairistes etc.
La réalité accablante sur le fond du problème ne fait donc généralement pas l’objet d’analyse sérieuse au JT et d’à peine quelques lignes dans les journaux papiers. En effet, si on veut bien observer le coût économique, écologique, social, démocratique de la corruption, on peut dire que s’attaquer à ce fléau est la priorité des priorités pour peu qu’on veuille résorber les crises auxquelles le monde est confronté.

Quelques constats rapides : La corruption a un coût économique très lourd : Le PNUD a évalué le coût de la corruption à un millier de trillons d’euros soit un montant pouvant réduire entre 0,5 et 1 point de croissance pour un pays et gangrener un tiers de ses investissements. La corruption a un coût social aussi, car il y a un lien entre les délits d’initiés de certains patrons du CAC 40 et les usines que l’on ferme du jour au lendemain pour faire du profit en bourse, ou encore les faillites frauduleuses actées devant les tribunaux de commerce et la perte d’emploi de dizaines de milliers de gens. Il y a un coût démocratique aussi qui a été chiffré dans une étude du CEVIPOF parue en 2006 où l’on apprend que 60 % des français considèrent leurs élus corrompus. Si on observe la carte électorale du FN et de l’abstention, on s’aperçoit même qu’elle épouse celle de la corruption. Selon l’ONG transparency international, la France situe au 18° rang mondial ce qui en fait un mauvais élève. Les meilleures étant les pays scandinaves dans lesquels la démocratie est sans doute plus aboutie que la notre. Ce qui laisse penser que la corruption est forte partout où la démocratie est faible et qu’elle progresse là où la démocratie régresse. J’ajoute pour compléter le tableau ; une inflation des condamnations, des rapports accablants de chambres régionales des comptes, des dépôts de plainte etc.

Pour un mouvement anticorruption, la résistance passe donc entre autre par les médias numériques. Notre principe ; quand on est face à un mur que l’on ne peut percer, on le contourne.
- une association qui a peu de moyen privilégie l' utilisation du net
- un réseau anticorruption qui doit muter comme le virus à travers toute la toile.

Anticor se développe pourtant à la fois à travers les institutions via ses élus qui portent la parole et le combat contre la corruption mais aussi par les relais locaux, les associations, les connexions militantes physiques et numériques. Notre mouvement citoyen se caractérise par la solidarité entre ses membres et l’interactivité entre eux. L’un fait remonter une info, on le dirige vers celui qui peut l’analyser. On nous demande une intervention pour médiatiser une affaire, faire connaître une action, Anticor arrive pour insuffler une dose d’antidote.
Beaucoup de personnes s’adressent à nous, mènent des enquêtes citoyennes, nous essayons de les aider à faire les démarches en les orientant pour faire connaître leur affaire et obtenir la transparence face à des maires récalcitrants. L’idée, est de mailler encore et toujours, le plus possible pour avoir non seulement une visibilité nationale sur le phénomène mais aussi une réactivité locale immédiate. On ne couvre pas encore tout le territoire, mais on s’étend. A défaut d’avoir les clés de la lutte contre la grande délinquance financière, nous on s’attaque à la souche locale du virus, dans une France hyper décentralisée. On traque, on décloisonne, on libère la parole. Par ailleurs, on mène un combat national et dans les partis politiques. Histoire d’être présents partout. On fait un travail de fourmis et d’abeilles. Nous sommes une ruche.
Chaque informateur au plan local, chaque adhérent, chaque association est potentiellement le relais du message que nous portons et s’approprie le label éthique.
Ex ; la campagne législative qui s’annonce et la création du label pour les candidats aux législatives.

La corruption de la démocratie

Les élus selon Coluche : « certains ont l’air d’être honnêtes mais quand ils te serrent la main t’as intérêt à recompter tes doigts… »
C’est vrai qu’on entend ses temps-ci tellement parler d’autorité de morale, de respect de tolérance zéro, qu’on se demanderait presque si ce n’est pas le vice qui veut juger la vertu ?
Comprenez que nous ne sommes pas des saints, nous sommes des êtres humains, l’homme est corruptible, mais nous n’avons pas nous en main tous leurs pouvoirs et en particulier celui sur de grosses sommes d’argent qui plus est public. C’est pourquoi, nous demandons des comptes à ceux qui nous disent en clair « faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais ».
D'ailleurs, à travers notre campagne présidentielle 2007, nous avons demandé aux candidat de s’engager à faire la transparence sur leur patrimoine, leur revenu et les avantages liés à leur fonction et mandat. (profitons-en, pour rappeler au candidat de l’UMP de faire la lumière sur son intérieur. . )

Un début de réponse ?

Alors voilà, venons-en à la notion de 5°pouvoir. Mais d'abord quelques éléments d'analyses :
- Il existe des « pouvoirs » légitimes ou illégitimes. C’est la démocratie qui le décide. En démocratie, le souverain c’est le peuple, donc nous. Dès lors, que la légitimité d’un pouvoir est en cause, il perd de son influence.

- Ensuite, lorsqu’un pouvoir est légitimement reconnu, il a tendance à s’institutionnaliser, ce qui en fait vite une source d’homogénisation du pouvoir.

- Enfin, c’est très important, il faut distinguer un « pouvoir » d’une « puissance ». La politique est un pouvoir constitué, l’argent est une puissance diffuse. Ce qu’est le journalisme citoyen aujourd’hui me semble relever davantage d’un moyen d’influence que d’un pouvoir absolu.
D’une certaine manière on peut s'en réjouir, mais il existe une possibilité que cette forme de puissance citoyenne qui pour l’instant demeure autarcique, devienne une force qui s’agglomère et nécessite au bout du compte une reconnaissance institutionnelle qui en ferait un pouvoir démocratique légitimé. Suis-je claire ?

Entre pouvoirs et trafics d'influences ..

Au fond, disons que nous en sommes aux rencontres du 5° type soit l’état d’un pouvoir émergent qui ne demande qu’à faire un pas supplémentaire vers une reconnaissance pleine et entière. Cela dépend de son audience, mais aussi d’un rapport de force qui se crée à l’égard des autres pouvoirs existants en tant que contrepouvoir citoyen. Si le journalisme citoyen s’essaie, comme nous le faisons dans la lutte contre la corruption en général, à lutter contre la corruption de la démocratie en particulier, alors sa « légitimation » sera irrésistible.

Les blogs de nos amis de Puteaux, Asnières, Toulouse, Grenoble, sont ainsi à l’avant-garde de cette institutionnalisation d’un pouvoir citoyen. Ils sont reconnus, ils sont jugés légitimes.
Agoravox en est aussi une forme d’exemple d’ampleur plus grande ce qui permet de faire le distingo entre micro et macro pouvoir.

Reste à savoir, si lorsqu’un pouvoir émerge, il n’en tue pas un autre ? Que dire par exemple de la science et de la réligion ? C’est dire si dans notre cas, la place du journalisme citoyen dépend de l’ampleur et du degré de son élévation au rang de pouvoir avec un risque comme tout pouvoir, qu’il porte en germe une forme d’abus qui ferait naître un nouvel antigène et nécéssiterait un autre anticorps, à savoir un sixième pouvoir ..et là vous voyez bien qu’on n’en finirait plus. A moins que le premier, ou le deuxième reprenne le devant et là, merveille, le choc des pouvoirs les ferait fusionner dans un gigantesque feu d’artifice anarcho-révolutionnaire..

Rassurons-nous nous n’en sommes pas là. Ensemble, nous passerons à la 5° vitesse..peut être, dans le cadre d’une sixième République où tout l’édifice sera remis à plat, et ce, pour éviter que la situation ne dégénère.


PS : si vous avez compris l'esprit, essayez en remplaçant à chaque fois le mot « pouvoir » par « Anticor », ça marche aussi !

Thursday, March 22, 2007

La 6° République maintenant !

Comment ringardiser Bayrou et Sarkozy en deux temps trois mouvements ?

Réponse : en proposant la sixième république.

C’est celle que vient de faire Ségolène Royal, reprenant devant les élus socialistes le grand projet défendu sans relâche depuis des années par Arnaud Montebourg, auteur d’un livre choc sur le délabrement de nos institutions « la machine à trahir » ed Denoël.
Trahir ; pour dire que les promesses politiques faites tant par Mitterrand que Chirac sont restées sans lendemain sous la cinquième république. Les espoirs de changements ont été déçus du fait d’un système qui organise la corruption parce qu’il centralise les pouvoirs.
Car le pouvoir corrompt même les esprits les plus intègres. Veillons donc à ne pas trop en mettre dans une main. Et surtout à établir les contre pouvoirs qui garantissent l’équilibre démocratique. Ce sont les grandes lignes du projet présenté par la candidat socialiste. C’est une révolution démocratique qu’on nous promet !

On déplorera que certains camarades socialistes aient jugé et condamné Arnaud Montebourg pour « trahison » lorsqu’il a rejoint Ségolène Royal en dénonçant son « abandon » de ses idées et de ses combats, notamment de son refus au Mans de céder sur la Sixième République, au profit d’une ambition prétendument carriériste. Et donc avec lui, ceux qui l’ont accompagné dans cette démarche en lui accordant une confiance bienveillante.
On ne criera pas "victoire" bien sûr, mais comment ne pas s’émouvoir un peu que justice soit enfin rendue ? C’est aussi une affaire d’honneur, disons-le, que d’affirmer haut et fort, qu’on a fait le bon choix et de voir rétablie la vérité de la démarche sincère de celui dont la parole porte.

Ensemble, tout est possible..même la sixième république !

Maintenant que nos amis socialistes tentés ces temps ci par le vote Bayrou ou Bové ouvrent les yeux et nous retrouvent dans les urnes dans le combat majeur qui doit nous opposer au projet autoritaire sur le plan politique, et totalitaire sur le plan économique de l’ultradroite incarnée par Sarkozy. Ne nous y leurrons pas Bonaparte est passé par l’élection lui aussi en 1848 avant le coup d’Etat qui lui a permis de garder le pouvoir. Et il y a dans les références de cet homme là, une même tentation folle du pouvoir à tout prix, son cumul de fonctions en témoigne, sa gestion des Hauts de Seine et de sa ville de Neuilly le prouve. La bataille qui se poursuit dans les semaines prochaines est décisive.

Face à lui Ségolène Royal donne un prolongement à la République nouvelle prononcée du bout des lèvres dans le projet du PS. Elle propose une organisation plus démocratique et plus efficace des institutions garantissant l'impartialité de l'Etat. Ce n'est certes pas l'idéal dans la pureté du projet de ceux qui ont fondé la Convention pour la Sixième République dont j'étais, mais c'est déjà beaucoup et cela réclame une vraie confrontation face à tous les conservatismes, donc une mobilisation de tous les pouvoirs et des contre pouvoirs citoyens, militants associatifs et politiques dans la période qui vient.

La VIème République repose sur quatre piliers :
1) Une démocratie parlementaire revivifiée :
- Instauration du mandat parlementaire unique
- Suppression du droit de veto du Sénat
- Suppression du vote bloqué et du 49-3 pour les lois ordinaires
- La présidence de la commission des finances sera confiée à un membre
de l'opposition
- Le Président de la République ne présidera plus le Conseil Supérieur de la Magistrature. Les membres du CSM et de la nouvelle Haute Autorité du Pluralisme seront désignés par le Parlement à la majorité des 3/5ème afin de garantir réellement leur indépendance.

2) Une véritable démocratie sociale
- Négociation et concertation préalable à toute réforme en matière sociale
- Promotion d'un syndicalisme de masse
- Représentation des salariés dans les conseils d'administration des entreprises

3) La démocratie participative
- La Présidente de la République rendra compte chaque année de la mise en œuvre du Pacte présidentiel.
- Toute proposition de loi ayant recueilli la signature d'un million de citoyens sera examinée par le Parlement.
- Création de jurys citoyens pour discuter de la mise en œuvre des politiques publiques et les évaluer, budgets participatifs dans les collectivités locales.

4) Une démocratie territoriale aboutie
- Clarification des compétences pour mettre fin aux superpositions et aux gaspillages,
- Péréquation des ressources entre collectivités locales,
- Prise en charge par les régions de la remise à niveau des bâtiments et des résidences universitaires et des prisons.

Que dire de plus ? Cette réforme des institutions sera soumise à référendum à l'automne 2007

Epilogue …

On serait presque trop heureux de la voir enfin venir qu’on ose manifester sa joie au grand jour.
Certains diront toujours « ce n’est pas la priorité, la priorité c'est le social ». Espérons que les français comprendront l’urgence de refonder les pouvoirs pour se doter des outils qui permettent justement de changer radicalement la donne sur le plan démocratique, économique et social.

Ainsi, il est devenu nécessaire de casser "la machine à trahir" pour construire la machine à espérer.

Wednesday, March 21, 2007

Rencontres du 5° type...




Heureuse de participer en tant que présidente d'Anticor à la journée de débat autout du journalisme citoyen sous l'égide d'Agoravox, je vous livre le programme savoureux de ce qui s'annonce comme un grand moment de discussion autour du fonctionnement de la démocratie et la de citoyenneté numérique :



Programmes et intervenants


9H15- 10H00 - Accueil des participants - Petit déjeuner
10H00- 10H45 - Introduction : Journalisme citoyen et 5e pouvoir, enjeux et perspectives
Introduction et bilan AgoraVox (Carlo Revelli)
De la révolte du pronétariat... (Joël de Rosnay)
Au peuple des connecteurs et au cinquième pouvoir (Thierry Crouzet) 10H45- 11H30 - Blogs et médias citoyens : alternatives efficaces contre la censure ?
Quand la France tente de surveiller l’information citoyenne (Guillaume Champeau, Ratiatum)
Quand la presse est (auto)censurée en France (Jean-Luc Martin-Lagardette)
Le vote électronique débarque en cachette pour les présidentielles...(Chantal Enguehard)
Témoignage vidéo de Denis Robert
Pause 11H30-11H50
11H50- 13H00 - Web2.0 : la technologie favorise t-elle réellement la prise de pouvoir du citoyen ?
Le rôle joué par Internet pour le Pacte Ecologique (Annabelle Jaeger, Fondation Nicolas Hulot)
Innovations et prises de pouvoir citoyennes (Francis Pisani, Transnets)
L’explosion de la vidéo et des vidéo reportages sur Internet (Nicolas Voisin, PoliTIC’Show)
L’expérience des Humains Associés sur Second Life (Natacha Quester Seméon)Pause déjeuner


13H00-14H30

14H30- 16H00 - Micro-pouvoirs : les blogs au service d’une résistance locale ? (Témoignages)
Un blog permet vraiment à un magistrat de dialoguer avec des citoyens ? (Philippe Bilger)
Quand un ancien ministre coordonne sa communication via son blog (Alain Lambert)
Les élus peuvent-ils réellement lutter contre leur propre corruption ? (Severine Tessier, Anticor)
Le fonctionnement en réseau des blogs dans le départment du 92 (Christophe Grebert, MonPuteaux)
Comment les jeunes utilisent Internet et les blogs pour s’engager en politique (Quitterie Delmas)
Un blog trotter pour ne pas oublier les enjeux de mémoire autour du monde (Tristan Mendès France)

Pause 16H00-16H30

16H30- 17H30 - Interactions entre médias traditionnels et médias citoyens (Table ronde)
Patrick Hoffstetter (Yahoo France)
Thomas Blard (LCI)
Joël de Rosnay (AgoraVox)
François Bourboulon (Metro)
Marc Tessier (Netgem, auteur du rapport « La presse au défi du numérique »)17H30- 18H30 Présidentielles 2007 : l’irruption des internautes dans la campagne (débat avec différents rédacteurs d’AgoraVox ayant contribué à notre ouvrage collectif)
Médias et politiques : un mariage d’amour ou de raison ?
Les dés sont-ils pipés ?
les mass média contre les médias des masses ?
Le cinquième pouvoir influence t-il réellement la campagne présidentielle ?
18H30-20H00 - Cocktail libre
La journée et les tables rondes seront animées par Guillaume Buffet (Au fil du clavier)