Wednesday, December 02, 2009

Quelle souveraineté écologique ?

Il y a l'écologie politique en tant qu'idéologie et la politique écologique en tant que mode opératoire..c'est sur ces plans au fond qu'on apprécie la sincérité et la cohérence d'une démarche.

Puisqu'il s'agit, nous dit-on, rien de moins que de l'avenir de l'humanité, et de la planète
demandons nous donc pourquoi, comment et pour quelles raisons nous en sommes est arrivés là :

1- il y a un changement climatique, réchauffement par ci, montée des eaux par là, sècheresse, disparition de certaines espèces etc.
2- il y a épuisement progressif de certaines ressources énergétiques, et problème de répartitions de certaines ressources naturelles
3- surtout, il y a les inégalités criantes de toutes natures

Cet état de fait admis est devenu si insoutenable que le modèle de développement des sociétés industrialisées est entré en crise. Pour certains, elle justifie un nouveau plan de relance déguisé afin d'accomplir seulement la mutation du capitalisme à l'ère écologique (mais le plus lentement possible pour les lobbies économiques qui doivent encore "écouler leurs stocks" . Ceux là sont les plus grands promoteurs et donc les meilleurs ralentisseurs de tous les progrès : ils nous vendent le produit de demain : par étapes successives). Pour d'autres, c'est mon cas, elle est une formidable occasion de repenser totalement notre modèle de société, son mode de développement, voir ses fondements généraux.

Sur quels plans : démocratique ? économique? Social? écologique? Tout à la fois !

A partir de ces données, ce qui fait réellement clivage porte au fond essentiellement sur l'analyse de la cause de ces changements et donc leurs conséquences en terme de choix et de choix d'échelle politique. Il y a là un enjeu de pouvoir politique et de puissance économique. A savoir :
- l'origine de ces mutations, l'homme ? son mode de vie ? la loi de la nature ? le système de production des richesses ?
- la réaction: mondiale, nationale, locale, en prolongement ou en contradiction parfois?
- le coût (ou le prix) global, social, démocratique etc

De toutes les causes ici évoquées, la plus pregnante fait son apparition assez confusément dans les débats publics entre figures dites "de gauche" et "de droite" de l'écologie politique : le système capitaliste.

Celui qui conduit à la prédation, au gaspillage, l'excessive consommation d'hydrocarbures, ( voitures sales et industrie lourde) la surproduction-surexploitation des terres agricoles, l'intensivité de l'élevage générateur de méthane gaz hyper polluant notamment, la spoliation pour les pays pauvres de leurs ressources, freine leur développement et donc leur capacité à se donner les moyens de faire le bond énergétique, afin de ne pas passer par la case pétrole ou nucléaire dont ils sont pourtant grands producteurs. Mais ce qui induit aussi un sous investissement chronique au profit de logiques spéculatives, de rentabilité à court terme sur fond d'opérations de promotion et de lobbying intense..

Ce qui est très surprenant, dans les échanges actuels, est la (quasi) totale absence de volonté des grands "décideurs" de ce monde de prendre en considération la responsabilité de ce modèle dominant pour remettre en cause leurs propres critères de croissance et le cas échéant engager la responsabilité de ses acteurs économiques là.

Eh oui : ils nous tiennent par la Bourse et la vie.

C'est dire combien il nous faudrait gagner une plus grande part d'indépendance, donc de souveraineté pour altérer les effets de la pollution de la société humaine par l'argent..!

Car, si l'on veut bien entendre que Claude Allègre est un scientifique conscient des "problèmes" écologiques, sa réponse consiste à défendre le modèle qui en est responsable, exerce une domination de l'économie sur la planète et sur l'homme. Ses mises en cause du paradigme écologique, sont exactement dans la ligne de Nicolas Sarkozy : elles s'appuient sur une forme de logique écolo qui serait indiscutable au nom de la science mais enrobée dans un vocable prétendument populaire (ah le bon sens) pour mieux soutenir une énergie toujours plus chère et en fait polluante, fait de nucléaire (prétexte l'emploi, l'impossible alternative : voyons vous n'êtes pas sérieux avec vos panneaux solaires et vos énergies propres), d'ogm (seul moyen de nourrir toute la planète..en maïs comme les cochons) et de brevets (patriotisme économique, il faut se défendre face aux méchants américains) donc aussi non démocratique pour ne pas dire totalitaire car nous subissons ces orientations et la contamination par les déchets sans autre choix !

Contrairement à ce que pourrait être une écologie humaine, occasion peut être de promouvoir des énergies nouvelles, à prix faibles sinon gratuite (tiens une idée au lieu d'une aide virtuelle au développement) échappant au contrôle de ces multinationales bien servies et resservies par les crises via des quelques lieux de décisions prises au forceps à travers les normes qu'elles influencent en contournant la société civile.

J'en arrive à la conclusion qu'il y a donc deux manières de faire Copenhague comme il y avait deux manière de soutenir le pouvoir d'achat, faire la relance, moraliser le capitalisme, faire la taxe carbone ..

Et donc, il y deux choix possibles entre : une écologie qui se dirait -à tort sans doute- de gauche, parce que non capitalistique au sens actuel qui serait plutôt disons démocratique,humaine et équitable (égalitaire serait un must), et une politique écologique qu'on dirait de droite au sens ancien, punitive en fait car anti-sociale, assise sur de nouvelles taxes, et l'aide massive de l'Etat aux entreprises premières responsables de la crise financière mais aussi de la "crise" (encore que le terme est discutable) écologique actuelle en se parant des habits de la croissance verte..

C'est bien sur ce débat sociétal que la France devrait se positionner débouchant par exemple sur une mise en perspective globale des réussites écologiques locales pour l'accès aux énergies renouvelables, accessibles, changeant notre façon de vivre en remettant l'humain au coeur du développement au lieu de consacrer ses moyens publics au débat sur l'identité nationale.
Car l'exercice de la souveraineté dans le domaine écologique pourrait être essentielle au maintien de la paix civile par la maîtrise démocratique de nos propres ressources.

En somme, il doit y avoir une éthique de la sincérité d'un engagement en faveur de l'écologique politique si l'on veut prétendre mener une réelle politique écologique. Copenhague, formidable opportunité, choix de modèle de société, ou services rendus aux criminels jamais jugés comptables de la dette écologique ?

Lorsque l'on dit aux hommes vivants des les pays dits "riches" : "vous êtes responsables de part votre mode de vie donc payez !" on vise à sacrifier notre part de souveraineté pour justifier de nouvelles taxes supranationales, mais avec quels droits de regard pour les citoyens ? Cependant que les autres continuent de polluer en toute quiétude.. Surtout l'on diffère la mise en cause de la responsabilité et donc de la matrice financière déshumanisante de notre société", on exonère les intérêts des grandes puissances qui surexploitent les terres agricoles lesquelles nous renverrons qui sait demain à un Copenhague de de l'eau ou de l'alimentation ..

Bref, il y a un Copenhague pour les riches fait de bouclier fiscal, d'aides, exonérations en faisant peser sur les ménages les moins bien lotis, la charge d'une aide virtuelle au développement en spoliant ici et là bas encore un peu plus les populations au profit d'intérêts particuliers bien en cours et il y a un Copenhague moteur de développement humain,issu de la société civile, d'expériences réussies de réapproriation collective des ressources naturelles et énergétiques. Il y a le Copenhague d'en haut qui présente un enjeu et des risques et celui d'en bas que nous choisirions si nous n'étions pas comme toujours soumis à la dictature de l'urgence, celle qui nous fait toujours prendre les pires décisions.

Cette voix impliquerait de se battre pour l'information indépendante d'une presse qui ne se contente pas de dire ce que veulent entendre ses annonceurs publicitaires pour agir au mieux. Car on pense comme on se finance..

Ce forum là appelons le encore de nos voeux dans la philosophie de la nouvelle école économique récompensée par le dernier nobel de l'économie : Eléonor Olstrom
à contrario de cette fausse écologie du cac 40, car ce chemin là, dit de "croissance verte" est surtout un leurre, et comporte un danger social, celui de changer simplement le marché sans changer profondément les règles du jeu, celui qui perçoit l'aide au développement sans construire des équipements publics pour irriguer l'Afrique subsaharienne exploite les mines d'uranium, ou le bois sans construire des écoles, de l'ingénierie au services de l'accès énergétique par ex, celui de total, de dhl et d'areva...*

Rien n'est joué. Tout se décide en ce moment, dans un rapport de force militant, contre lobbies.

La nouveauté de ce forum mondial est qu'il ne souffre pas d'alternative.
Non il n'y a pas d'alter-Copenhague car le mouvement altermondialiste fait désormais partie des invités à la table des grands de ce monde à travers certains pays en voie de développement et d'organisations, parfois hélas sous le vocable d'ONG, faux nez de sociétés.
Pas d'autre choix que la réussite, dit on. Pour le meilleur et pour le pire.
Ou bien ce forum là débouche sur un autre modèle mondial, ou bien le copenhague, se fera sur d'autres actions locales.

Au plan mondial, ce ne serait pas un échec si par exemple au lieu de dire on s'engage à des milliards d'aide sans mesures contraignantes, on s'engagerait à l'obligation de faire
si les institutions et l'ingénierie publiques décident à la place des sociétés privées
En se rappelant notamment que, le PNUD évaluait la corruption à 1000 trillions de dollars en 2000 pour mener une convergence active de politiques contre le détournement d'argent public, par un contrôle des dépenses et de sanctions réelles, impitoyables contre la corruption pourrait -qui sait- être demain, le début d'un changement ?

A coup sûr ce ne sera pas une révolution.
Copenhague,ce sera au mieux une évolution, au pire, un numéro de prestidigitation de plus.
L'élément neuf est que nous le sachions.
Car, l'avenir sera humain ou il ne sera pas l'avenir, mais la fin.
Ce que nous en ferons, si les hommes demeurent souverains.

lire aussi, surtout : http://premiereslignes.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/12/08/enfumes.html

0 Comments:

Post a Comment

<< Home