Que la raison guide notre choixEn refusant de faire synthèse au Mans les militants socialistes qui, depuis se sont constitués en association dénommée "rénover maintenant" ne savaient pas où ils allaient. En revanche, ils savaient où ils ne désiraient pas aller...
Tentés par l'opération séduction "Royal", de nombreux militants socialistes se seraient ces temps-ci mués en supporters convaincus que la candidature de Ségolène apporterait à leur parti la victoire assurée au nom de la rénovation qu'elle incarnerait.
Ayons en mémoire la raison pour laquelle nous, militant de Rénover Maintenant, ne voulûmes pas d'une synthèse facile, nous refusâmes de voter "oui" au référendum européen, malgré les sondages qui le donnaient gagnant et notre désir d'avenir européen. Et rappelons-nous que la sixième république constitue la marque de fabrique d'un mouvement ouvert à toute la gauche et aux forces citoyennes. Au Mans, nous avons été clairvoyants sur la situation de notre République, car nous n'avions pas d'oeillère empêchant une analyse lucide.
Renoncer à ces points fondateurs serait considérer que les idées s'envolent comme les paroles. Certains, comme nos anciens alliés du NPS, peuvent penser que rester fidèle est désuet... Parfois, la course à la rénovation présente un risque d'instabilité chez les patients fragiles dont la croyance dans les idées n'est pas installée au plus profond d'eux-mêmes. Cette volatilité des convictions m'étonnera toujours. Je la déplore, comme j'ai déploré qu'ils renoncent à la sixième République au congrès du Mans.
Face à une situation extrêment grave, faisons donc preuve de sang froidAyons bien cela à l'esprit au moment où la course folle à l'extrême droite de Nicolas Sarkozy (et consorts) devrait plutôt nous inciter à reconquérir les voix de l'extrême gauche et non à suivre le mouvement de dégénérescence du socialisme.
Par ce petit billet, je m'en vais donc rappeler quelques aspects qui me dérangent dans la démarche de Ségolène. Pas seulement la couleur bleue de son blog, qui me fait penser au site d'une société anonyme. Pas seulement par esprit de contradiction - cette femme a un immense talent qu'il faut reconnaître -, mais parce que je crois qu'une feuille de papier glacé ne remplacera jamais une poignée de main.
Cela ne veut pas dire qu'in-fine je ne ferais pas sa campagne -soutenir une candidature féminine serait en soit déjà un point positif. Entendons-nous, il faut se faire violence pour ne pas la rejoindre, car elle dérange tous ces mysogines qui la dénigrent. Et, après tout ce que j'ai subi personnellement de sexisme et de discriminations, j'aurai bien envie d'en découdre un peu à travers elle. Simplement, si je veux raison garder, je ne dois pas considérer le fait d'être une femme comme le point essentiel de sa candidature, ni tenir pour acquis le fait qu'une femme est l'allié obligé de la cause féministe. Parfois, il faut savoir se méfier de soi-même...
Il nous faut tout mettre en oeuvre pour changer les choses au plan national, au plan européen, et au plan mondial.Ségolène a déclaré que son projet serait socialiste, or il est fait par des citoyens sur internet. Le sinistre souvenir de notre échec en 2002 me rappelle qu'un autre candidat avait lui envoyé sa candidature par fax..
De son côté Laurent Fabius, a ébauché une analyse des dégâts de la mondialisation financière et esquissé un projet de lutte contre la précarité qui me paraît une question centrale, (bien plus centrale que la question de l'emploi d'ailleurs quand on pense à tous ces travailleurs pauvres..) Notons qu'il a aussi sérieusement avancé face à la crise de régime et propose aujourd'hui une "
nouvelle République", que "
certains de (ses) amis appellent la Sixième République" (cf son article du Monde). Autrement dit, ce candidat est aujourd'hui prêt à proposer ce qui avait fait obstacle à notre ralliement à la synthèse des socialistes et constitue le socle même de notre identité.
Mais voilà, Laurent Fabius n'est pas populaire. Et pour cause il est devenu la bête noire des grands groupes financiers qui dirigent les médias ayant appelé a voter "non" au référendum.
De plus, certains le taxent volontiers d'insinsérité, qualificatif dont on ne peut affubler Ségolène à ce stade, faute d'en savoir plus sur ces propositions socialistes participatives.
Si j'ai bien compris, hier certains dénonçaient haut et fort la peoplelisation de la politique et la personnalisation du pouvoir pour invoquer aujourd'hui les sondages et les aversions personnelles justifiant leur choix !?!?
D'un certain point de vue, je comprends la tentation de se laisser griser par les impressions du moment puisque notre objectif est à tout prix de battre la droite américanisée de Nicolas Sarkozy. Mais, quitte à refuser l'américanisation de la société Française déjà bien en marche, pensons-nous vraiment qu'une candidate portant la marque PS qui a choisi un plateau de divertissement pour annoncer sa candidature serait le meilleur moyen d'y parvenir ?
Je ne le crois pas à la vue de ces seuls faits. Mais je crois que les français attendent un changement. Changement de régime, changement de responsables, changement de projet de société. Nous espérons que nous saurons marquer nos différences avec les politiques libérales pour inventer une société réellement assise sur des bases solides et durables.
De mon point de vue, ce changement ne peut donc venir que du courage. Car le courage est un moteur à énergie renouvelable. Quand je dis cela, je pense au courage de faire des choix. Celui de se donner à une cause qui n'est pas nécessairement gagnée d'avance. Celui de résister y compris à l'ivresse des sondages. Celui de prendre ses responsabilités lorsqu'il le faut. Par exemple pour oser, même minoritaire demander la traduction du président de la République en excercice devant la Haute Cour de Justice de la République.
Alors voilà, c'est un scoop, je soutiendrai le candidat qui aura ce courage là, car il sera le candidat de notre projet de rénovation et non sa doublure.
Et si l'on partait du réel pour aller vers l'idéal ?