Rencontres du 5° type à Agoravox
Du virtuel au réel..
J’étais samedi dernier aux « rencontres du 5° pouvoir » organisées par Agoravox.
D’abord un grand bravo aux organisateurs pour la qualité de l’évènement qui valait bien toutes ces manifestations institutionnelles dispendieuses auxquelles on assiste parfois. Très hype, le style « Usine nouvelle » pour discuter de citoyenneté numérique, et plus particulièrement de journalisme citoyen, de son état, de son avenir.
A force de me creuser les méninges à me demander si je savais où je m’aventurais, j’ai trouvé une esquisse de réponse concernant cette notion de « cinquième pouvoir ».
Je profite d’ailleurs de ce petit billet pour inviter les blogmen and women à lancer un prix de l’idée la plus originale pour en formuler une définition. Je m’y essaie donc..
Une forme de résistance citoyenne
Un mot d’explication pour justifier mon raisonnement à partir d'Anticor et de la résistance citoyenne, thématique de la table ronde dans laquelle j’intevenais. La lutte contre la corruption est de ces sujets peu ou mal traité dans les médias "traditionnels" ; parce qu’ils sont eux-mêmes corruptibles par l’argent de part la nature de leur capitaux mais aussi leur financement via les annonces publicitaires. Sans parler de la consanguinité indecente entre les milieux politiques, médiatiques, affairistes etc.
La réalité accablante sur le fond du problème ne fait donc généralement pas l’objet d’analyse sérieuse au JT et d’à peine quelques lignes dans les journaux papiers. En effet, si on veut bien observer le coût économique, écologique, social, démocratique de la corruption, on peut dire que s’attaquer à ce fléau est la priorité des priorités pour peu qu’on veuille résorber les crises auxquelles le monde est confronté.
Quelques constats rapides : La corruption a un coût économique très lourd : Le PNUD a évalué le coût de la corruption à un millier de trillons d’euros soit un montant pouvant réduire entre 0,5 et 1 point de croissance pour un pays et gangrener un tiers de ses investissements. La corruption a un coût social aussi, car il y a un lien entre les délits d’initiés de certains patrons du CAC 40 et les usines que l’on ferme du jour au lendemain pour faire du profit en bourse, ou encore les faillites frauduleuses actées devant les tribunaux de commerce et la perte d’emploi de dizaines de milliers de gens. Il y a un coût démocratique aussi qui a été chiffré dans une étude du CEVIPOF parue en 2006 où l’on apprend que 60 % des français considèrent leurs élus corrompus. Si on observe la carte électorale du FN et de l’abstention, on s’aperçoit même qu’elle épouse celle de la corruption. Selon l’ONG transparency international, la France situe au 18° rang mondial ce qui en fait un mauvais élève. Les meilleures étant les pays scandinaves dans lesquels la démocratie est sans doute plus aboutie que la notre. Ce qui laisse penser que la corruption est forte partout où la démocratie est faible et qu’elle progresse là où la démocratie régresse. J’ajoute pour compléter le tableau ; une inflation des condamnations, des rapports accablants de chambres régionales des comptes, des dépôts de plainte etc.
Pour un mouvement anticorruption, la résistance passe donc entre autre par les médias numériques. Notre principe ; quand on est face à un mur que l’on ne peut percer, on le contourne.
- une association qui a peu de moyen privilégie l' utilisation du net
- un réseau anticorruption qui doit muter comme le virus à travers toute la toile.
Anticor se développe pourtant à la fois à travers les institutions via ses élus qui portent la parole et le combat contre la corruption mais aussi par les relais locaux, les associations, les connexions militantes physiques et numériques. Notre mouvement citoyen se caractérise par la solidarité entre ses membres et l’interactivité entre eux. L’un fait remonter une info, on le dirige vers celui qui peut l’analyser. On nous demande une intervention pour médiatiser une affaire, faire connaître une action, Anticor arrive pour insuffler une dose d’antidote.
Beaucoup de personnes s’adressent à nous, mènent des enquêtes citoyennes, nous essayons de les aider à faire les démarches en les orientant pour faire connaître leur affaire et obtenir la transparence face à des maires récalcitrants. L’idée, est de mailler encore et toujours, le plus possible pour avoir non seulement une visibilité nationale sur le phénomène mais aussi une réactivité locale immédiate. On ne couvre pas encore tout le territoire, mais on s’étend. A défaut d’avoir les clés de la lutte contre la grande délinquance financière, nous on s’attaque à la souche locale du virus, dans une France hyper décentralisée. On traque, on décloisonne, on libère la parole. Par ailleurs, on mène un combat national et dans les partis politiques. Histoire d’être présents partout. On fait un travail de fourmis et d’abeilles. Nous sommes une ruche.
Chaque informateur au plan local, chaque adhérent, chaque association est potentiellement le relais du message que nous portons et s’approprie le label éthique.
Ex ; la campagne législative qui s’annonce et la création du label pour les candidats aux législatives.
La corruption de la démocratie
Les élus selon Coluche : « certains ont l’air d’être honnêtes mais quand ils te serrent la main t’as intérêt à recompter tes doigts… »
C’est vrai qu’on entend ses temps-ci tellement parler d’autorité de morale, de respect de tolérance zéro, qu’on se demanderait presque si ce n’est pas le vice qui veut juger la vertu ?
Comprenez que nous ne sommes pas des saints, nous sommes des êtres humains, l’homme est corruptible, mais nous n’avons pas nous en main tous leurs pouvoirs et en particulier celui sur de grosses sommes d’argent qui plus est public. C’est pourquoi, nous demandons des comptes à ceux qui nous disent en clair « faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais ».
D'ailleurs, à travers notre campagne présidentielle 2007, nous avons demandé aux candidat de s’engager à faire la transparence sur leur patrimoine, leur revenu et les avantages liés à leur fonction et mandat. (profitons-en, pour rappeler au candidat de l’UMP de faire la lumière sur son intérieur. . )
Un début de réponse ?
Alors voilà, venons-en à la notion de 5°pouvoir. Mais d'abord quelques éléments d'analyses :
Quelques constats rapides : La corruption a un coût économique très lourd : Le PNUD a évalué le coût de la corruption à un millier de trillons d’euros soit un montant pouvant réduire entre 0,5 et 1 point de croissance pour un pays et gangrener un tiers de ses investissements. La corruption a un coût social aussi, car il y a un lien entre les délits d’initiés de certains patrons du CAC 40 et les usines que l’on ferme du jour au lendemain pour faire du profit en bourse, ou encore les faillites frauduleuses actées devant les tribunaux de commerce et la perte d’emploi de dizaines de milliers de gens. Il y a un coût démocratique aussi qui a été chiffré dans une étude du CEVIPOF parue en 2006 où l’on apprend que 60 % des français considèrent leurs élus corrompus. Si on observe la carte électorale du FN et de l’abstention, on s’aperçoit même qu’elle épouse celle de la corruption. Selon l’ONG transparency international, la France situe au 18° rang mondial ce qui en fait un mauvais élève. Les meilleures étant les pays scandinaves dans lesquels la démocratie est sans doute plus aboutie que la notre. Ce qui laisse penser que la corruption est forte partout où la démocratie est faible et qu’elle progresse là où la démocratie régresse. J’ajoute pour compléter le tableau ; une inflation des condamnations, des rapports accablants de chambres régionales des comptes, des dépôts de plainte etc.
Pour un mouvement anticorruption, la résistance passe donc entre autre par les médias numériques. Notre principe ; quand on est face à un mur que l’on ne peut percer, on le contourne.
- une association qui a peu de moyen privilégie l' utilisation du net
- un réseau anticorruption qui doit muter comme le virus à travers toute la toile.
Anticor se développe pourtant à la fois à travers les institutions via ses élus qui portent la parole et le combat contre la corruption mais aussi par les relais locaux, les associations, les connexions militantes physiques et numériques. Notre mouvement citoyen se caractérise par la solidarité entre ses membres et l’interactivité entre eux. L’un fait remonter une info, on le dirige vers celui qui peut l’analyser. On nous demande une intervention pour médiatiser une affaire, faire connaître une action, Anticor arrive pour insuffler une dose d’antidote.
Beaucoup de personnes s’adressent à nous, mènent des enquêtes citoyennes, nous essayons de les aider à faire les démarches en les orientant pour faire connaître leur affaire et obtenir la transparence face à des maires récalcitrants. L’idée, est de mailler encore et toujours, le plus possible pour avoir non seulement une visibilité nationale sur le phénomène mais aussi une réactivité locale immédiate. On ne couvre pas encore tout le territoire, mais on s’étend. A défaut d’avoir les clés de la lutte contre la grande délinquance financière, nous on s’attaque à la souche locale du virus, dans une France hyper décentralisée. On traque, on décloisonne, on libère la parole. Par ailleurs, on mène un combat national et dans les partis politiques. Histoire d’être présents partout. On fait un travail de fourmis et d’abeilles. Nous sommes une ruche.
Chaque informateur au plan local, chaque adhérent, chaque association est potentiellement le relais du message que nous portons et s’approprie le label éthique.
Ex ; la campagne législative qui s’annonce et la création du label pour les candidats aux législatives.
La corruption de la démocratie
Les élus selon Coluche : « certains ont l’air d’être honnêtes mais quand ils te serrent la main t’as intérêt à recompter tes doigts… »
C’est vrai qu’on entend ses temps-ci tellement parler d’autorité de morale, de respect de tolérance zéro, qu’on se demanderait presque si ce n’est pas le vice qui veut juger la vertu ?
Comprenez que nous ne sommes pas des saints, nous sommes des êtres humains, l’homme est corruptible, mais nous n’avons pas nous en main tous leurs pouvoirs et en particulier celui sur de grosses sommes d’argent qui plus est public. C’est pourquoi, nous demandons des comptes à ceux qui nous disent en clair « faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais ».
D'ailleurs, à travers notre campagne présidentielle 2007, nous avons demandé aux candidat de s’engager à faire la transparence sur leur patrimoine, leur revenu et les avantages liés à leur fonction et mandat. (profitons-en, pour rappeler au candidat de l’UMP de faire la lumière sur son intérieur. . )
Un début de réponse ?
Alors voilà, venons-en à la notion de 5°pouvoir. Mais d'abord quelques éléments d'analyses :
- Il existe des « pouvoirs » légitimes ou illégitimes. C’est la démocratie qui le décide. En démocratie, le souverain c’est le peuple, donc nous. Dès lors, que la légitimité d’un pouvoir est en cause, il perd de son influence.
- Ensuite, lorsqu’un pouvoir est légitimement reconnu, il a tendance à s’institutionnaliser, ce qui en fait vite une source d’homogénisation du pouvoir.
- Enfin, c’est très important, il faut distinguer un « pouvoir » d’une « puissance ». La politique est un pouvoir constitué, l’argent est une puissance diffuse. Ce qu’est le journalisme citoyen aujourd’hui me semble relever davantage d’un moyen d’influence que d’un pouvoir absolu.
D’une certaine manière on peut s'en réjouir, mais il existe une possibilité que cette forme de puissance citoyenne qui pour l’instant demeure autarcique, devienne une force qui s’agglomère et nécessite au bout du compte une reconnaissance institutionnelle qui en ferait un pouvoir démocratique légitimé. Suis-je claire ?
Entre pouvoirs et trafics d'influences ..
Au fond, disons que nous en sommes aux rencontres du 5° type soit l’état d’un pouvoir émergent qui ne demande qu’à faire un pas supplémentaire vers une reconnaissance pleine et entière. Cela dépend de son audience, mais aussi d’un rapport de force qui se crée à l’égard des autres pouvoirs existants en tant que contrepouvoir citoyen. Si le journalisme citoyen s’essaie, comme nous le faisons dans la lutte contre la corruption en général, à lutter contre la corruption de la démocratie en particulier, alors sa « légitimation » sera irrésistible.
Les blogs de nos amis de Puteaux, Asnières, Toulouse, Grenoble, sont ainsi à l’avant-garde de cette institutionnalisation d’un pouvoir citoyen. Ils sont reconnus, ils sont jugés légitimes.
Agoravox en est aussi une forme d’exemple d’ampleur plus grande ce qui permet de faire le distingo entre micro et macro pouvoir.
Reste à savoir, si lorsqu’un pouvoir émerge, il n’en tue pas un autre ? Que dire par exemple de la science et de la réligion ? C’est dire si dans notre cas, la place du journalisme citoyen dépend de l’ampleur et du degré de son élévation au rang de pouvoir avec un risque comme tout pouvoir, qu’il porte en germe une forme d’abus qui ferait naître un nouvel antigène et nécéssiterait un autre anticorps, à savoir un sixième pouvoir ..et là vous voyez bien qu’on n’en finirait plus. A moins que le premier, ou le deuxième reprenne le devant et là, merveille, le choc des pouvoirs les ferait fusionner dans un gigantesque feu d’artifice anarcho-révolutionnaire..
Rassurons-nous nous n’en sommes pas là. Ensemble, nous passerons à la 5° vitesse..peut être, dans le cadre d’une sixième République où tout l’édifice sera remis à plat, et ce, pour éviter que la situation ne dégénère.
PS : si vous avez compris l'esprit, essayez en remplaçant à chaque fois le mot « pouvoir » par « Anticor », ça marche aussi !
Au fond, disons que nous en sommes aux rencontres du 5° type soit l’état d’un pouvoir émergent qui ne demande qu’à faire un pas supplémentaire vers une reconnaissance pleine et entière. Cela dépend de son audience, mais aussi d’un rapport de force qui se crée à l’égard des autres pouvoirs existants en tant que contrepouvoir citoyen. Si le journalisme citoyen s’essaie, comme nous le faisons dans la lutte contre la corruption en général, à lutter contre la corruption de la démocratie en particulier, alors sa « légitimation » sera irrésistible.
Les blogs de nos amis de Puteaux, Asnières, Toulouse, Grenoble, sont ainsi à l’avant-garde de cette institutionnalisation d’un pouvoir citoyen. Ils sont reconnus, ils sont jugés légitimes.
Agoravox en est aussi une forme d’exemple d’ampleur plus grande ce qui permet de faire le distingo entre micro et macro pouvoir.
Reste à savoir, si lorsqu’un pouvoir émerge, il n’en tue pas un autre ? Que dire par exemple de la science et de la réligion ? C’est dire si dans notre cas, la place du journalisme citoyen dépend de l’ampleur et du degré de son élévation au rang de pouvoir avec un risque comme tout pouvoir, qu’il porte en germe une forme d’abus qui ferait naître un nouvel antigène et nécéssiterait un autre anticorps, à savoir un sixième pouvoir ..et là vous voyez bien qu’on n’en finirait plus. A moins que le premier, ou le deuxième reprenne le devant et là, merveille, le choc des pouvoirs les ferait fusionner dans un gigantesque feu d’artifice anarcho-révolutionnaire..
Rassurons-nous nous n’en sommes pas là. Ensemble, nous passerons à la 5° vitesse..peut être, dans le cadre d’une sixième République où tout l’édifice sera remis à plat, et ce, pour éviter que la situation ne dégénère.
PS : si vous avez compris l'esprit, essayez en remplaçant à chaque fois le mot « pouvoir » par « Anticor », ça marche aussi !