Tolérance, quand tu nous tiens
Facile à dire, pas simple à faire.. L'éthique ce n'est pas à proprement parler ce qui est légal, mais sans doute la part des choix de ce qui tend à l'être.
Investir ou ne pas investir un candidat mis en cause par la justice peut être affaire d'éthique dès lors que le couperet judiciaire est incertain, voir même improbable.
Est-ce une peine qu'on inflige à celui dont la probité est mise en doute ou un moyen de prémunir l'ensemble d'un corps social en isolant la souche d'un mal politique qui frappe de plein fouet la démocratie ?
Est-ce donc, comme on voudrait le présenter, choisir entre morale ou justice si l'on veut bien considèrer cette phrase de Malraux : "on ne fait pas de la politique avec de la morale, mais on n'en fait pas davatange sans" ? Pour être affaire d'éthique, ne pas investir un candidat mis en cause pour une affaire financière doit sûrement être un peu des deux en fait. A condition, mais à condition seulement que la règle ne soit pas arbitraire, ..au même titre que la décision judiciaire qui serait prise sous influence par exemple. Dès lors, pourquoi ne pas envisager sagement qu'une instance de déontologie puisse véritablement apprécier une telle mesure tout comme sur le principe d'une régulation de cumul de fonctions, pour prévenir de tout risque de conflit d'intérêt ?
Rénovation, j'écris ton nom..
Et puis, il y a éthique partisane et personnelle. Le PS a voté pour le mandat parlementaire unique on pouvait donc espérer que Julien Dray choisisse lui même de s'abstenir d'être encore candidat.
Un autre sujet d'étude m'interpelle ces jours ci : l'argent public et l'éthique de sa dépense. S'il n'est peut être pas illégal qu'un président de la République se rende en banlieue pour lancer la campagne de son parti, organise un débat public aux frais du contribuable dont la connotation idéologique et la tournure électorale n'aura pas échappé à l'immense majorité d'entre nous, est-ce bien éthique ?
Assurément, l'article 52.8 du Code électoral qui régit la communication des institutions en période électorale, au premier rang desquelles devrait figurer les institutions nationales : présidence, ministères etc, n'est pas explicite à ce sujet. Que l'on sache qu'aucune loi n'interdisait l'élection du fils Sarkozy à la tête de l'EPAD, l'éthique personnelle et politique aurait peut être commandé de ne pas commettre l'imprudence de la tenter..
A l'identique, pour avoir en tête l'exemple d'une gestion devenue très communicante par des annonces publicitaires en pleine période de campagne, l'éthique gouvernerait de s'interdire l'utilisation de l'argent public comme avantage donnant la prime aux sortants.
Pour l'un comme pour l'autre de ces cas, on trouvera la règle valable pour le citoyen ordinaire, le fonctionnaire écarté de son administration pendant sa mise en examen, le salarié qui doit justifier ses frais ou absences.
Non, vraiment, c'est à se demander s'il existe une éthique du juste, car décidément, la tolérance ne vaut que pour les uns.
Comme quoi, le tri sélectif serait aussi surement affaire d'écologie politique !