Européennes : l'alter-choix
Ni gauche, ni droite, bien au contraire..si on la regarde à la loupe et sans tropisme ni oeillère partisans, la lecture brute des résultats est un indicateur puissant de l'état de décomposition du paysage démocratique qui poursuit sa course depuis un long moment..
A savoir premièrement : une abstention record et surtout dans les zones socialement les plus fragiles (la moyenne régionale dans le Nord,l'outre mer, et les départements les plus en difficultés affiche une abstention supérieure à la moyenne nationale). De même, les quartiers populaires, sont ceux qui votent le moins. En revanche, partout où la sociologie des habitants correspond à un niveau de vie plus élevé, on vote mieux, on vote plus à droite et aussi plus écologique. Le vote droite et Europe écologie se situe donc surtout dans les couches supérieures les plus europhiles. Il constitue en cela, une forme de "vote socio catégoriel" (qu'on appelait aussi vote de classe autrefois), et une constante.
Ce qui frappe encore, c'est la perte de vitesse des partis politiques traditionnels au profit d'une offre émergeante, en rupture avec le contenu des politiques tout autant que ceux qui la font et leur pratique du pouvoir.
D'ailleurs, depuis des années, de nombreuses associations dont ANTICOR constatent une forme de rejet des politiques, des pratiques, des formes habituelles de débat qui s'est déjà traduite par une prime à la dissidence lors des dernières municipales où les candidats trop marqués (parachutés ou trop "soutenus") par leur parti ont été remerciés ou mis en difficulté..(www.anticor.org)
En portant des thèmes de campagnes nouveaux : lutte contre la corruption, paradis fiscaux lobbying, éthique, les organisations de la société civile ont fait émerger un diagnostic et surtout des réponses nouvelles aux grands problèmes économiques et sociaux.
Faute de les entendre, faute d'être sincère ni crédible, il va de soi que les grandes formations politiques ne pouvaient pas en tirer les dividendes électorales.
Car, et c'est un point de divergence avec les médias, et aussi l'expression partisane : l'Ump ou "le parti du président" comme certain le disent n'a pas gagné ces élections. Pas de quoi pérorer Le total de la majorité présidentielle réalise 28 % sur 40% du corps électoral. Si l'unité du message et du messager est une dynamique, cela ne constitue en rien un plébiscite.
Or, à laisser le dire, la démocratie risque de ne pas s'en remettre...
(Max Galo disait justement sur Canal le jour même que l'Italie avait toujours été le laboratoire politique de la Rome au fascisme, jusqu'à Berlusconi..sombre perspective en somme ! Cela dit, Max Galo, est une sorte de citoyen résigné à l'éternel recommencement de l'histoire politique, il a rejoint le clan du président.Comme quoi la résignation gagne même les élites les plus éclairées)
Quelles leçons tirer de ce scrutin ?
L'échec cuisant du PS était prévisible, faute d'avoir accompli non une simple rénovation mais une vraie transformation totale.
L'éclatement et la recomposition de l'opposition au "Sarkozysme" ne doit pas déboucher sur une recomposition de la gauche au sens du passé, mais tenir compte de l'éclatement de la droite, de l'attente exprimée par les citoyens. L'abstention implique sans doute de rendre le vote obligatoire (selon des conditions à définir : reconnaissance du vote blanc, procurations simplifiées etc).
Résultat des européennes : autre chose, autrement !
Au final, il semble que le résultat de la campagne européenne, et ce partout en Europe (avec notamment l'abstention et la montée des nationalismes) accrédite totalement le message alternatif que les associations ont souhaité faire passer : à savoir un profond rejet et une grande frustration à l'égard de la politique actuelle ; des projets, des pratiques eut égard à la situation démocratique et sociale que connait l'Europe, le monde.
Pire que du désintérêt, réunions publiques après réunions publiques les gens nous disent le plus souvent leur dégoût, leur désolation. Ils cherchent, en vain, le porte parole mobilisateur de leur colère et désespèrent de le trouver. C'est là qu'il s'agit donc de se prendre en main, soi-même de passer à l'acte et sortir de la torpeur de l'inactivité démocratique d'un citoyen "représenté".
La souveraineté doit surement devenir active et non plus seulement déléguée..
Leur choix ne sont pas toujours ni lucides, ni rationnels pour autant. La repolitisation passe t-elle dans ce qui fût autrefois l'éducation populaire et aujourd'hui la société civile ? En tout cas, l'Afrique a inauguré cette voix depuis longtemps. Est ce un bien ou un mal ? c'est une donnée, voilà.
- Ce résultat était largement prévu et prévisible depuis plusieurs élections où la volonté de changement radical est manifeste.
- Désormais,la politique se fait : soit du côté des plateaux TV, avec des méthodes marketing ; soit du côté de la société civile avec des pratiques citoyennes.
- Entre l'argent roi et l'énergie des réseaux se trouve peut être la clé d'une réponse politique ?
Il faudra donc choisir...
Ni gauche, ni droite ; la poussée des écologistes, l'expression des extrêmes, la faible participation confirment en tout cas que les critères de choix ont changé pour les citoyens de l'union européenne.
A défaut d'être entendue par les partis "traditionnels", il revient à la société civile de faire émerger plus fortement cette nouvelle offre politique !
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