Friday, December 05, 2008

La relance ou comment dépenser des milliards ?

26 milliards, l'annonce est tombée. Après les 360 milliards annoncés il y a quelques semaines pour les banques..

Les réactions nombreuses, semblent toutefois floues sinon tièdes. Mon analyse sera plutôt euh..radicale !!

Quand on parle de relance de quelle relance s'agit il tout d'abord ?


Celle des "petites affaires" entre amis, de "gré à gré" pour reprendre le terme du Président de la République pour justifier le relèvement des seuils des marchés publics..? (voir au passage ma réaction pour Anticor www/anticor.org). Celle des producteurs automobiles qui détruisent des emplois et maltraitent l'environnement parce qu'ils préfèrent spéculer ou jouer sur le design plutôt qu'investir dans l'appareil productif, la recherche, l'innovation ? celle des entreprises du BTP qui pratiquent la sous-traitance en cascade au profit des travailleurs des pays de l'Est sous payés qui plus est et nous livrent des chantiers surfacturés bourrés de malfaçons ?

Mais enfin, de quelle relance parlons-nous ? Surement pas de celle qui permettrait de sortir du marasme économique et social dans lequel nous sommes plongés. Bon quand on critique, essayons d'être constructif, voici des propositions pour une autre relance qui serait celle du pouvoir d'achat :

Elle tiendrait en quelques mesures salutaires (il parait qu'on est en crise alors ce serait peut être nécessaire ?) :

- d'abord l'interdiction des licenciements boursiers, c'est à dire dans les entreprises qui réalisent des profits spéculatifs
- la récupération des aides publiques aux entreprises qui délocalisent, et la remise en cause de la politique des exonérations fiscales pour celles qui les utilisent comme levier d'effets de substitutions
- la réorientation des aides économiques vers l'économie sociale et solidaire non marchande
- la taxation des surprofits pétroliers (rappelons TOTAL est ses 19 milliards) pour les redistribuer
- la fin du paquet fiscal et l'augmentation drastique de l'impôt sur les plus fortunés : il faut prendre l'argent, sans doute moins sur les particuliers que dans les poches des grands patrons du CAC 40 qui n'ont jamais été aussi élevés. Eh oui, la richesse ne se crée pas, elle se prend !


Comment gagner des milliards ?


Ensuite la politique européenne contre les paradis fiscaux, la traque des comptes secrets qui servent à blanchir de l'argent détourné, planqué par les lessiveuses bancaires comme clearstream. C'est un travail de fourmi mais par lequel on peut "gagner des milliards"

-la réquisition des logements vides, des bureaux qui fleurissent notamment sur les bords de seine qui pourraient être dans de nombreux cas reconvertis en habitation. Il en existe à la pelle à cause des politiques urbaines des coefficients aberrants de construction et des politiques de niches fiscales notamment dans les territoires d'outre mer ou en banlieue.

Payer moins !

-l'annulation de toutes les dettes contractées auprès des banques par des crédits revolving, crédits à la consommation sans que celles-ci n'aient assuré leur solvabilité, -c'est de leur responsabilité !

- la maîtrise démocratique totale (contrôles renforcés détail des facturations), et lorsque c'est possible la régie publique sur les secteurs de l'énergie ou des ressources naturelles qui coutent en moyenne deux fois plus cher aux usagers. Tout ça sera gagné en terme de "pouvoir d'achat".

Ensuite, et sur le long terme Le service public et la gratuité des transports pour les faibles revenus. Tout ça repose sur l'amélioration de l'efficacité de la dépense publique, des économies doivent être faites dans les administrations d'Etat, les privilèges des assemblées, les dépenses de communication et de frais de bouche des élus, ou les revenus des conseillers très privés de nos ministres etc. Ce ne sont pas des gadgets, ce sont des millions d'euros en jeu. Qui sait, pour préserver une aide sociale ici, sauver la sécu par là, financer les retraites, aider les PME etc.

- la priorité totale donnée à l'investissement dans la formation, l'innovation et la recherche en technologie comme autant d'économies d'échelle à très court terme.

Enfin c'est clair, la lutte contre la corruption, les trafics d'influence, les délits d'initiés par des sanctions vraiment dissuasives car ce sont ces pratiques qui nous ont amenés au bord du gouffre.

La crise trouve ces racines dans le délitement de l'esprit public, le dévoiement de l'intérêt général au profit d'une caste financière, politique, économique totalement déconnectée de la société.

En cela, il y aurait sûrement relance. Sans cela, c'est juste Dysneyland..

1 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Bonjour Séverine,

Je vois que tu as un peu les mêmes vues politiques que moi et la même colère face à la crise financière (je dirais même au dysfonctionnement profond du système économique à l'heure actuelle) et face au manque de réaction du monde politique, notamment de la gauche qui aurait une carte à jouer...

Une proposition : jette un oeil à www.nouvellegauche.fr. Je ne sais pas si tu as entendu parler de ce mouvement, c'est une association loi de 1901 qui se veut un think tank militant.
L'idée de fond qui est défendue est que la crise financière qui est en train de contaminer l'économie vient avant tout d'une crise sociale. En 20 ans, 10 points de PIB ont glissé des salaires vers les profits dans la plupart des pays de l'OCDE. Ceci est essentiellement du au chômage de masse qui sape le pouvoir de négociation des salariés. Le seul moyen alors de maintenir la consommation et la croissance était de pousser à l'endettement, ce qui a conduit les Etats-Unis à créer les subprimes.

Le levier est donc au niveau du chômage, qui lui même est dû à l'extraordinaire augmentation de la productivité des dernières décennies. En France, depuis 1974, on produit 60% de richesse en plus avec 10% d'heures travaillées en moins. La répartition du travail est terriblement inégale : 15 à 20% de chômeurs toute catégories, RMIstes etc... et le reste que l'on pousse à faire des heures supplémentaires, qui sont souvent exposé à la souffrance liée au stress et aux contraintes de la surproductivité.

Nouvelle Gauche propose un mode de financement viable pour que les entreprise passent à 32 heures, soit la semaine de 4 jours à la carte de façon négociée. Cela pourrait permettre de créer sur quelques années 1,5 millions d'emploi...

Cette présentation fait ultra militant, mais les idées de ce mouvement me redonnent vraiment espoir, et me permettent de me dire que je peux faire quelque chose aujourd'hui, concrètement...

N'hésite pas à me contacter si tu veux débattre, me rentrer dans le lard ou simplement discuter : maigath@gmail.com

Matthieu

11:27 PM  

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