2010 : Justice ?!
La Justice est mère de toutes les batailles.
Au plan institutionnel bien sûr, mais en général aussi..
Est-ce juste ? La question de l'état de droit, et de la morale humaine universelle est ainsi posée tous les jours.
Dans notre pays, la justice est pourtant menacée, confisquée, et avec elle, peu à peu l'on assiste au délitement du droit en vigueur, malgré les lois qui, elles aussi, peu à peu remettent en cause des droits que l'on croyait acquis (droit du travail, retraites, etc).
C'est la justice pourtant qui garantit l'égalité républicaine
Et dans un pays où le droit se meurt, les passe droit progressent.
Lors d'un récent débat avec M.Gaspar Koenig, inconnu jusqu'à la sortie récente d'un ouvrage véhiculant les "discrètes vertus de la corruption", je réalise à quel point ce sujet mérite d'être posé à ce moment précis de l'histoire de notre "identité".
Ce -jeune- homme, n'est autre que la plûme de Bercy, notre ministre de l'économie.
Il offre un raisonnement philosophique de "son" idéal de société où tout devient le fruit d'un échange marchand admis par tous et où cela est si transparent et si naturel que l'on en admet le principe.
Se soumettre.
Nous en sommes là. Le livre fait l'apologie d'un monde où la justice devrait ne plus être que l'état naturel, fruit d'un rapport de force.
Dans cette vision que je qualifie "d'utopie matérialiste", tout s'achète et tout se vend. Bien sûr, il ne s'agit plus de corruption, la corruption étant l'alteration de l'état de droit et l'abus de pouvoir. Nous sommes dans un monde où seule l'influence régne par la généralisation de la corruption ainsi théorisée. Cela incite à méditer le sort de notre démocratie et cet article de Guillaume Courty paru dans le journal Le Monde daté du 11.01.09 :"l'An 1 du Lobbying".
Nous cheminons vers la lobbycratie. Dans ce monde là, les décisions publiques ne sont plus que l'émanation des rapports de force. L'an 1 dit il ? C'est aussi la fin de la justice.
Pour preuve, l'annonce de l'intrusion des sociétés privées dans l'enceinte du Parlement
où elles vont faire la loi "en toute transparence" (lire sur le site wwww.anticor.org, adequations et Aitec, l'abondante analyse des causes et conséquences du lobbying), et la suppression du juge d'instruction pour contrôler les malversations financières de celles ci et de nos élus, sont à mettre en rapport.
Quels sont les moyens d'éviter cette dérive ? Il reste le contrôle de l'utilisation de l'argent public, mais celui ci va disparaître avec son président à qui l'on rend hommage aujourd'hui.
Philippe Seguin avait souhaité une réforme et une Grande Cour des comptes et s'était montré garant du contrôle public impartial de l'Etat si l'on en juge les alertes données sur l'Elysée notamment (présidence européenne, sondages etc). Or, après les élections régionales est programmée une réforme qui constituera la mort du contrôle et son remplacement par une simple évaluation.
Des cabinets d'audits privés pourront entrer en concurrence avec le contrôle public par la certification des comptes de nos collectivités. Les entreprises privées décideront en lieu et place de la bonne politique selon des règles de performance..
Pour quelles raisons ? Pour satisfaire au grand dessein d'une France manégériale, cette "France d'Après" que désirait Nicolas Sarkozy..que j'aurais l'outrecuidance de baptiser ; Société anonyme.
La France ainsi met fin, tout simplement à l'idée de justice en appliquant le modèle exposé par M. Koenig.
Au fond c'est maintenant que le choix est clair pour les citoyens; se soumettre ou choisir une alternative démocratique nouvelle.
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