Monday, October 02, 2006

Parce que ElleS

Da Vinci Code présidentiel

Ma citation favorite de Maupassant est sa définition du bonheur : une longue et paisible attente. Si je l’applique à la situation politique du moment je dirais que c’est un peu l’état d’esprit dans lequel on doit être, calme et serein, face aux agités du bocal qui s’attaquent à Ségolène Royal non pas sur ses positions, pourtant clivantes, mais sur ce qu’elle représente. Peu d’arguments convainquant en réalité, mais beaucoup d’agressions personnelles directes. L'une des plus violentes est celle de Claude Allègre, ministre éphémère du Gouvernement Jospin, disant qu’elle « n’a pas la capacité de gagner ni de présider ». Voilà une campagne bien engagée pour faire échec à la droite du côté des amis de Yoyo.. Cette agression ramène à l'enjeu profond de la rénovation politique à travers l'accession d'une femme au pouvoir..

Sexus politicus
Commentons un peu ce que trahit cette expression. .
Quand on dit "elle" +"n’a pas la capacité " cela présuppose son incompétence en tant que femme sachant que tous les autres ont une expérience locale et nationale qui se vaut quasiment. Cela veut dire que sa nature est présumée fragile. Combien de fois ai-je perçu une telle façon de chercher a évincer une représente du sexe "faible" . .N'est-ce pas en contradiction avec un autre repproche qui lui est fait à savoir son caractère autoritaire, signe de sa force et de sa combativité s'il en est ?
On lui en voudrait presque de ne pas avoir laisser sa place à son cher François pour un peu !
Comme je disais donc de Fabius hier, on se sentirait toutes un peu Ségolène aujourd'hui. On lui fait encore le grief de ne pas avoir d'idée quand dans le même temps on tire à vue sur tout ce qu'elle propose de manière assez provocatrice certes, mais courageuse. C'est ce qui la rend crédible auprès des couches populaires. .

Rappelons quelques unes des idées qu'elle n'a pas...

1- La Carte scolaire et sa refonte : ce sont les CSP+ qui y échappent tandis qu'on guétoïse les gosses de banlieues, (dans mes souvenirs d'école il y avait plus de mixité dans le 93).
2- La Sécurité : bon là j'ai eu du mal et je considère qu'il ne faut pas montrer ce qui est négatif seulement dans les banlieues, mais il est vrai que le régime militaire dans le cadre humanitaire ça peut ouvrir l'esprit et ça pose une dicipline et c'est toujours préférable à la prison, reste à voir comment en pratique et quels moyens.
3- L'immigration ; elle est plus socialiste que le programme du PS en proposant des circuits courts d'aide au développement et la ccopération décentralisée face au détournement d'argent et à la corruption.

Tout le mépris de ces attaques finit donc par me convaincre qu’elle pourrait faire une bonne candidate, celle des victimes de tous ces bourreaux donneurs de leçon et donc des petites gens..

Ici, la critique personnelle affaiblit la seule candidate qui est aujourd’hui audible dans l’opinion pour ce qu'elle dit et représente. Cela me rappelle un peu le ton imprécateur du camp du oui durant la campagne, dont Ségolène était il est vrai. Mais son dernier discours sur l'Europe par la preuve de son efficacité notament sociale, son attaque règle contre l'agriculutre intensive, son message sur l'Europe pacifiste et le maintien de l'aide au Proche Orient, sont les gages de sa volonté de tenir compte tout en dépassant le vote pour débloquer l'Europe et j'y reviendrai. (le discours figure sur le blog www.desirdavenir.org)

Quand la notoriété rejoint une aspiration populaire
En parlant d'opinion à l'instant, je ne pensais pas à la mesure de la popularité d’une personne à travers les sondages, je faisais référence à la rencontre entre la demande citoyenne et l’offre politique qui constitue l’ancrage populaire de la candidature de Ségolène Royal. Non pour ce qu’elle est mais pour ce qu’elle incarne. C'est à dire un changement. Pour comparer, Jack Lang avait une grande notoriété comme star et non en tant qu’homme politique susceptible de diriger le pays. Candidat, il eut aussi été, la garantie de la continuité de l'Etat monarchique baignant dans les dorures des salons parisiens.
Tandis que, Laurent Fabius a les atouts sur le fond sur la question sociale, mais il n’a pas trouvé son public faute de pouvoir l’incarner car il représente une certaine figure de la raison d'Etat éloignée des citoyens.
DSK bénéficie quant à lui d'une popularité parisienne et virtuelle me semble t'il alimentée par l'internet et la blogosphère et les copains du CAC 40.

Une question de cohérence entre l'être, le paraître et le système de valeurs auquel on adhère..
C’est que dans la communication tout est question de cohérence entre le projet, la démarche et la personnalité. S’il y a dysjonction, le message n’est pas reçu par le récepteur et il ne peut pas y avoir de feed back. Bon reprenons deux secondes sur le thème de psychanalyse sociétale du monde dans lequel nous vivons ; la France est dépressive, anxieuse, minée par son mauvais Karma. En 2007, on peut le déplorer, mais le choix des français se jouera surtout d'un choix de valeurs disais-je il y a peu. L'une d'entre elle est le fil conducteur de la Nation. Quand elle se regarde dans un miroir, la France se plaît elleoui ou non ? Est elle comme Sarkozy le prétend un boulet face aux Etats Unis, pays qui serait l'exemple à suivre, ou a t-elle des atouts en sommeil, une beauté cachée qui lui faut révèler ou simplement sublimer ?

Une certaine idée de la France..
Face à l'extrême droite et sa vision étriquée de la Nation, l'un des enjeux de la campagne sera de réconcilier l'image de la France avec les français. C’est le grand sujet de l’identité nationale, forcément plurielle pour nous à gauche et pétrie d’un élan retrouvé par la confiance dans ses valeurs universelles et ses principes républicains qui devront se traduire dans les faits.
De la même manière que je préconise aux républicains de s'approprier la lutte contre la corruption, les républicains doivent aussi reprendre en main cette question.

Deux genres, deux modèles de gouvernance
Récapitulons donc les choses : Nous avons d’un côté Sarkozy, figure autoritaire du père symbolique volontiers guerrier, il prétend sécuriser mais il fait peur. De l’autre côté Ségolène Royal, la mère qui protège et veut rassurer. D’une part la rupture, de l’autre le changement. Ce sont donc bien deux genres qui auront à batailler si Ségolène Royal est désignée par les socialistes. En cela, nous aurons une vraie confrontation sur l’exercice même du pouvoir. Et c’est pourquoi, certains de ces messieurs de culture monothéiste voient rouge.

Changer la face du monde..
En jetant un oeil au téléfilm de France 2 "état de Grâce" ces temps-ci j'ai constaté que mon entourage masculin était un peu.. troublé. D'accord pour voir le film "Président" au cinéma mais disons carément braqué par la série de la chaîne publique. Certes, il y a le côté fiction dans cette série, la mise en scène de la femme fragile et de sa maternité est franchement caricaturale en tout point, mais le personnage incarne un changement de la pratique du pouvoir, une équipe reflétant la diversité sociologique de la France, une volonté politique de changer l'ordre établi, une présidente qui n'est pas déshumanisée par le pouvoir.
Si l’on veut changer le monde, ne faut il donc pas commencer par changer ceux qui le dirigent ? Alors, il s’agira de savoir si la France s’en va en guerre ou si elle cherche la paix et le bien collectif, mais aussi de servir l’intérêt général et non l’égoïsme privé d’un clan ou d’une caste. Ce sera l’occasion de renouer avec le clivage gauche droite au sens de 1789 lorsque des députés se sont placés d’un bord et l’autre de l’Assemblée choisissant pour les uns de défendre les privilèges, pour les autres le peuple au nom de l’égalité.
Alors la question féminine deviendra décisive pour gagner, puisqu'elle est motrice d'un combat millénaire pour l'égalité des sexes renvoyant au plus profond de notre civilisation, mais avec une acuité particulière aujourd'hui car on sait que le libéralisme fait davantage de dégât pour les femmes. Alors, on ne peut prétendre faire le changement si on commence par reprendre les mêmes.


Changer la pratique du pouvoir
Il est bien clair que la politique est en voie de marchandisation. Les partis qui font vivre la démocratie la conçoivent non plus comme un rapport de froce idéologique mais une guerre marketing. Nous pouvons refuser d'entrer dans cette ère et tenter de résister encore un moment. Mais on peut aussi sans se renier apprendre à faire de la politique autrement s'appuyant moins sur la théorie que sur les aspirations populaires.. faut-il ne pas considérer la politique comme un marché aux voix et les citoyens comme une clientèle. Ici on doit regarder du côté du secteur associatif où le militantisme redonne du sens à l'engagement dont la somme se place au service de l'intérêt général. Si la politique se désidéologise, elle peut néanmoins se rapprocher de la vie quotidienne et des souffrances du peuple pour y remédier concrétement au lieu de se contenter de belles promesses sans lendemain.
Et, comme chacun le sait, nous sommes sous la cinquième république fait par et pour les hommes. Le choix d’une femme sera donc la première révolution. Il n’y suffira pas. Je ne doute plus de sa volonté pour porter exigences et causes utiles, mais d’abord pour redonner le moral à la France en restaurant une certaine morale publique par rapport à l’argent.

D’abord concrétisons, on se parlera ensuite..
Après avoir été très réservée sur la candidature de Ségolène Royal, je me suis faite à l’idée qu’elle peut non seulement gagner mais aussi présider. N’y aurait il pas derrière cela une petite leçon à faire à toutes les gardiens du temple de la domination masculine qui louent tant la société patriarchale ? Vu sa force de travail et son sens de la provocation qui réclame de la volonté, je ne doute plus des chances de gagner de Ségolène Royal, et je veux bien l'y aider.

Turquie, débats, bonjour les dégâts
J'entends bien encore les voix qui s'élèvent sur sa non position sur la Turquie, et alors quoi, moi non plus je n'ai pas d'avis. Pour une fois refusons la prise en otage entre les nationalistes démago et les favorables honteux à l'adhésion..Honteux parce qu'ils se cachent pour le dire et que sont les premiers à voter la loi sanctionnant la négation du génocide des arméniens qui constitue le bon moyen de retarder cette adhésion..
Au regard des valeurs socialistes, je dirai "oui" à priori au principe de l'adhésion. Au regard des critères à remplir pour tout nouvel élargissement et des conséquences possibles je dirai "non pas encore possible". Or, on en a pour 10 ou 15 avant que le débat ne se pose à l'occasion d'un référendum. Dire que les français décideront le moment venu, me paraît donc la position la plus honnête et la moins spéculative.
Enfin, sur les fameux débats internes au ps il n'est pas inutile de dire que ces débats sont des compléments à ceux qui se tiennent déjà partout dans les Fédérations du PS, et dans les sections. En rajouter c'est bien, trois débats ça va, mais six bonjour les dégâts.


La morale de l'histoire..
Parfois il faut renoncer à ses rêves et se contenter d’essayer d’améliorer le réel à défaut de pouvoir le changer radicalement. Je disais justement dans un billet précédent qui est mon candidat idéal au nom d'une authentique rénovation de la gauche. En quelques mots, voici donc celle que j'estime être la candidature naturelle de la rénovation de la société. De toute évidence, nous avons devant nous deux objectifs ; gagner et ne pas décevoir pour transformer durablement le pays.
Rien n'est écrit, tout peut changer.

Autant résumer ainsi le choix que je ferai le 16 novembre en tant que militante socialiste : parmi tous ceux qui se présentent à nous, je préfère une femme qui surprend à un homme qui déçoit.

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