Monday, January 29, 2007

Comment ra « Frêchir » le PS ?




En décidant samedi 27 janvier dernier d’exclure définitivement George Frêche de ses rangs, le PS va enfin reprendre des couleurs..

Une sanction juste même si elle est tardive..

Ce n’est pas sans un certain pincement au cœur que j’ai voté samedi dernier l’exclusion du président de la région Languedoc Roussillon du parti socialiste après ses déclarations multiples sur les Harkis qualifiés de « sous hommes » puis les « blacks » en attaquant la composition de l’équipe de France de football. En tant que membre de la commission des conflits, je trouve très heureux le fait que cette décision ait été prise à l'unanimité.

Bien que, considérant cette sanction juste au regard de la déclaration de principe du PS et des valeurs qu’il porte, force est de constater que celle-ci est quand même bien tardive, et sans doute insuffisante pour compenser le préjudice occasionné en offensant toute une catégorie de la population visée par les propos dudit exclu. Mais au regard de la portée de ceux-ci, l'exclusion touche tous ceux qui se reconnaissent dans la déclaration universelle des droits de l’homme.

D’autres questions en suspend

Toutefois, cette décision laisse en suspend deux autres questions très importantes ;
1- le maintien à la tête de l’exécutif de Georges Frêche au Conseil régional
2- sa présidence du comité de soutien à Ségolène Royal

Sur ces deux plans, l’issue n’est pas du ressort de la commission des conflits, mais relève de l’éthique républicaine de ceux qui l’entourent. Or, il est à craindre que dans l’entourage du personnage la protection clanique fonctionne à plein régime comme elle a toujours marché dans ce cas –le soutien de toute la gauche, hormis les verts, étant sans cesse renouvelé.
A l’instar des affaires de corruption, on retrouve les réflexes de soutiens d’élus féodalisés ou d’amis qui ne savent plus dire « non ». La résistance parfois est un devoir et le plus beau témoignage d’amour et de courage politique.

Il est temps de quitter la « Frêchitude »..

Cela pose une question essentielle sur le fonctionnement de la démocratie locale : peut on sous couvert de discipline partisane continuer de soutenir des élus qui discréditent l’ensemble de la représentation politique ? En clair, sur place, les soutiens apportés à Georges Frêche ne sont pas tous le fruit d’élus qui pensent tout bas ce que Frêche dit clairement, mais tout simplement l’attitude de quelques affidés dont la peur de perdre un avantage ou une place l’emporte sur les convictions. Parfois celles-ci s’effritent juste à l’usure du temps et de la banalisation de comportements et de propos qui, aux yeux des autres, paraissent choquants.

Certes, nous ne sommes pas naïfs, ni angélistes. La représentation politique n’est pas sainte, mais elle doit devenir saine. Sachons que, la banalisation du scandale est le meilleur allié du fatalisme ambiant et que la sanction a pour vertu de rappeler où sont les limites eut égard à nos valeurs communes.

Cela doit aussi nous inciter à réfléchir au fait que, si des voix s’élèvent face à ces seigneurs sur leurs terres, elles sont souvent vite étouffées, attaquées, critiquées et soumises à une chasse aux sorcières préjudiciable à leur « carrière » politique.

Le plus riche enseignement de cette affaire est donc cette invitation à méditer le fait qu’une révolution éthique et une profonde rénovation des pratiques politiques sont nécessaires, afin de substituer la prime à l’honnêteté à la prime à la casserole en réhabilitant ces élus qui font honneur à la politique et en évacuant ceux qui la minent.

C’est un combat culturel indispensable à la restauration de la confiance citoyenne envers les élus contre la corruption de la démocratie par des mœurs et des mots indignes d’elle.

*NB : ci-dessous- la lettre d’un de ces militants qui s’opposent publiquement au « système Frêche »

René REVOL 28 Janvier 07
Membre du Conseil national du Parti Socialiste


« Lettre à mes amis socialistes

Dans l'Hérault, la fédération du PS exclut ceux osent s'opposer publiquement !


Ce courrier a pour but de vous informer de l'incroyable machination qui vient de se monter contre moi dans la Fédération socialiste de l'Hérault. Au mépris de toutes les règles élémentaires du droit, la commission fédérale des conflits vient de voter mon exclusion, à la majorité simple. Comme vous pourrez vous en convaincre en prenant connaissance des faits qui suivent, il s'agit d'une pure et simple vengeance consécutive à l'exclusion du PS de Georges Frêche par la commission nationale des conflits. On aurait pu s'attendre à ce que cette décision pousse chacun à faire les efforts nécessaires pour que s'ouvre pour notre fédération une nouvelle ère de rénovation. Manifestement, il n'en est rien ; un petit noyau de dirigeants s'accrochant à des méthodes politiques d'un autre âge.

Convoqué devant la commission des conflits de la Fédération de l'Hérault, présidé par Michel Guibal, ce samedi 27 janvier, celui-ci me signifiant dans la convocation vouloir « m'entendre » sur certains de mes « actes individuels »( !), sans autre précision. Alors que l'information publique de l'exclusion nationale de Georges Frêche circulait déjà, je rentrais dans la commission, accompagné de deux témoins, dont mon secrétaire de section[1]. Le président de la Commission me déclare : « Tu dois bien savoir pourquoi tu es accusé ? » ! Je lui précise que contrairement aux droits les plus élémentaires[2], j'étais convoqué sans connaître les motifs de ma convocation, sans avoir accès aux raisons des plaignants et sans qu'on me communique un quelconque dossier, ce qui constitue un délit d'entrave manifeste.

Refusant de me communiquer ces pièces, le Président de la Commission me précise oralement deux motifs d'accusation :
1) le fait que lors de la campagne interne de désignation du candidat socialiste j'aurais « refusé de faire campagne un candidat socialiste parmi les trois prétendants », préférant participer à des réunions publiques avec d'autres forces de gauche, notamment antilibérales.
2) le fait qu'au moment de cette désignation j'aurais dénigré publiquement la Fédération socialiste de l'Hérault, ses dirigeants et ses grands élus, pour fonctionnement non démocratique.

J'ai d'abord précisé qu'on ne me fournissait aucune preuve matérielle quelconque de ces accusations, qu'on ne me confrontait pas à mes accusateurs (ne serait-ce que me transmettre le procès-verbal de leurs déclarations). Ce à quoi le président de la commission a répondu qu'il s'agissait de juger mon « comportement général ».
Quant aux deux accusations lancées,
1°) j'ai précisé que je n'avais pas ménagé ma peine pour faire la campagne interne de Laurent Fabius, comme en témoigne de nombreuses réunions, et que par ailleurs je trouvais normal et nécessaire pour le PS que ses membres participent aux débats de toute la gauche ; je mettais au défi quiconque de trouver une de mes déclarations publiques qui ne soit pas favorable à l'union de la gauche et donc au PS.
2°) Quant au fonctionnement antidémocratique de la fédération, il a été souligné maintes fois par la commission électorale nationale du Parti, et je me félicite lors de la dernière consultation d'avoir contribué à améliorer la transparence de nos scrutins internes en intervenant pour que le scrutin se déroule selon les règles. J'ai par ailleurs publiquement exprimé mon désaccord avec les déclarations de G.Frêche, aujourd'hui condamnées par le Parti lui-même.
Aucune réponse ne m'a été apportée. Aucune preuve ne m'a été fournie. C'est donc dans l'arbitraire et la subjectivité la plus totale que la majorité de cette commission a voté l'exclusion. Il est clair qu'on veut faire payer l'un des rares responsables socialistes départementaux qui ait eu le courage de s'opposer à Frêche et au secrétaire fédéral Navarro.
Décidé à ne pas me laisser faire, sûr de mon droit, je fais appel de cette décision devant la Commission nationale des conflits, notamment en tant que membre titulaire du conseil national. Je lui fais confiance pour faire valoir le droit. Socialiste, attaché aux valeurs du socialisme, je reste membre du PS (l'appel ayant un caractère suspensif) et je compte bien défendre ces valeurs contre tous ceux qui les bafouent, à commencer par les responsables de la fédération et de la commission fédérale des conflits. Je me réserve la possibilité de défendre mon droit devant la justice de la République. »

Le 28 Janvier 2007

[1] Je tiens à votre disposition le témoignage de ces deux témoins.
[2] Toute procédure d'accusation dans n'importe quelle institution ou association, publique ou privée, est soumise à la règle contradictoire (article 14 du code des procédures civiles) qui implique que l'accusé est préalablement informé avant son audition des accusations précises qui sont portées contre lui, et des pièces du dossier.

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