Thursday, February 15, 2007

Tous Ségo !



Retour sur Villepinte..de la révolution dans l'air

Après une matinée un peu ennuyeuse il faut bien le dire, nous avons assisté à la présentation du programme présidentiel de Ségolène Royal.
Au début placés au devant près de la scène nous nous sommes reculés pour ne pas nous trouver écrasés par la jeunesse en délire scandant "vive Ségo", "on va gagner" sur un air de je ne sais quel remix battant à pleine décibel pour chauffer la salle.
Je m'attendais à une gand messe politique avec Mauroy, Lang et Le Che à la barre, on se serait cru dans une rave party de 20 000 personnes..
En tout cas, une bise toute frâiche est venue souffler ce jour là et l'on doit s'en réjouir.
Voilà pour le côté ambiance.

Côté discours, il faut reconnaître que du fond de la grande salle, la chose ne fût pas aussi saisissante qu'elle le fût pour les camarades près de la scène submergés par l'émotion que dégageait la candidate. Aussi, c'est le plus rationnellement possible que j'explique mes impressions. Et je crois que plus on se tient loin de la scène comme la plupart des français, plus on doit se baser sur les mots pour mesurer leur impact lucidement.
"Colère, juste, pacte, droits, autorité, jeunesse, volonté, courage". Tels furent les principaux mots repris dans un discours fleuve - trop long à mon goût - mais au moins clair sur un message : je propose "un coup de jeune " à la République pour une France juste. J'en ferai bien un slogan tiens ..

"La France juste"

Il se trouve qu'une fois repartie de là, j'ai eu la certitude que Ségo incarnait le vote révolutionnaire. D'une part, elle a pris le PS par sa base et par l'extérieur contraignant certains grognons d'élus à la suivre, et organisé ces fameux débats participatifs qui ont donné aux citoyens la possibilité de dire leurs vérités, ce qui va faire évoluer les pratiques car la parole est libérée. Donner c'est donner !
D'autre part, elle promet une révolution démocratique comprenant notament le mandat parlementaire unique, ce qui va faire changer les structures.
Bataille démocratique, bataille culturelle, ce sont ainsi les clés d'un changement véritable et profond.

Si globalement le message de Villepinte est plutôt bien reçu par les militants qui sont les émissaires de la campagne sur le terrain, les commentaires de Villepin, nouvel allié du pseudo gaulliste de la deuxième vague Sarko, doivent cependant nous maintenir en éveil. Car, depuis un an maintenant, Sarko planne à 30% dans les sondages qui vrais ou faux jouent sur l'opinion. Il a réussi le tour de force de remplir la droite.
Aussi, le discours de Ségolène a certes stoppé l' hémoragie vers Bayrou et Sarkozy. Mais, ne nous leurrons pas, il va nous falloir une énergie très forte face aux médias qui stigmatisent l'une pour mieux alimenter l'autre au seul profit de la droite ultracapitaliste que représente le candidat UMP. Insistant sur la prétendue gaffe d'Arnaud, la presse place au même pied d'égalité un trait d'humour que les déclarations anti-jeunes de Sarko teintées d'un certain racisme social sur les banlieues en parlant de "racailles" et de politique du "Karcher".
En outre, nous voyons qu'après avoir nourri l'extrême droite, Nicolas Sarkozy se recentre, le tout accrédité par un récent sondage mettant en scène l'idée d'union nationale dans un gouvernement, relayant habilement les soutiens de ces prétendus intellos de la gauche élitiste bien pensante et surtout totalement acquise aux thèses des néocons américains et de l'extrême droite israelienne.

Ainsi, nous assistons à une usurpation totale du Gaullisme par le candidat de la droite qui veut constituer une sorte de Front National dont l'imposture doit être débusquée et surtout confrontée à la réalité des intérêts de classe qu'il défend par opposition à la candidate socialiste qui doit être celle d'un Front Populaire appuyée sur un volontarisme puissant pour parler du partage des richesses. Faut-il oser cette confrontation avec la finance dont les revenus grandissant par la spéculation proviennent de la destruction de l'économie réelle..
J'en reviens à mon idée d'il y a quelques mois là dessus et ce fameux combat contre la corruption et les privilèges, essentiel combat de Jaurès face aux puissances financières, puis du Front populaire face aux affaires politico-financières. C'est la corruption qui a détruit la troisième et la quatrième république, comme la volonté d'en finir avec les privilèges a fait tomber la monarchie.
Aujourd'hui, cette aspiration révolutionnaire est dans l'air. Je l'avais écrit après le 29 mai 2005 lorsque j'ai crée un blog que j'avais osé appelé de façon un peu prémonitoire "révolution démocratique".
Le combat de la gauche, face à Sarkozy doit aujourd'hui revenir à ses sources pour se faire sur les valeurs égalitaires, comme ce fût le cas durant la révolution de 1789. Il doit aussi assumer la confrontation avec le capitalisme financier qui absorbe les richesses de ce monde à la dérive.

La curieuse polémique autour du chiffrage du projet ; réaffirmer le prima du politique

Jamais les économistes ne se seront autant mêlées de politique. Non pas pour dire que la dette a augmenté de 9 points depuis que la droite libérale dirige ce pays ! Là c'est silence total. Mais que de commentaires pour fustiger le réalisme du projet socialiste. ..Curieuse façon - en somme- de concevoir les choses. Certes, nous devons nous battre pour améliorer l'efficacité de la dépense publique, lutter contre les gaspillages et les détournements. C'est même une action prioritaire pour crédibiliser le projet de la gauche. Toutefois, ne tombons pas dans ce travers qui consisterait à subordonner les besoins aux moyens disponibles. Ceci pour deux raisons :

1- La volonté politique doit gouverner l'économie et non le contraire. Ainsi, en sera t-il au niveau européen vis à vis de la BCE. Ainsi, doit-il en être au plan national. Pour les socialistes c'est bien la demande sociale qui commande l'offre, n'en déplaise aux économistes libéraux.

2- De l'argent il y en a (jamais eu autant dans les portefeuilles du CAC 40 -voyez Total en particulier), suffit-il d'aller le chercher ..

Sans cette confrontation nécessaire, je crains que l'on s'en tienne à une affaire d'équation personnelle liée à la nature présidentielle de l'élection. Il existe de ce point de vue un risque que d'une incompétence présumée de Ségolène Royal affrontant un Nicolas Sarkozy direct et sûr de lui, "on"(entendons les faiseurs de roi) tente de faire en sorte que la peur change de camp.

Quand la confiance vacille la conscience s'exige !

Je dis alors à mes amis - qui doutent et s'interrogent sur l'opportunité de soutenir des candidats plus marqués à gauche dans leur discours, que Ségolène Royal est la seule candidate suceptible de faire barrage à Nicolas Sarkozy. Je leur dis aussi, que Ségolène Royal ose contester les privilèges et l'élitisme ambiant et a elle a en main les atouts pour aller plus loin.
Il ne s'agit pas du tout de céder à l'émotion guidée par la main nouée autour du ventre de la mère qui parle de sa jeunesse à la Nation. Mais je sais que ce qu'il reste après l'émotion ce sont les actes.
Je lui accorde mon soutien avec la froide détermination de la raison :
- parce qu'elle a dit ce qu'il fallait pour rappeler à la gauche son devoir d'égalité.
- parce nous en serons alliés vigilants et exigeants,
- parce qu'enfin si Sarko gagne, il ne nous restera que nos yeux pour pleurer.

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